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Pr. Ndiaga Loum au CESTI |
Le Centre d’Etudes
des Sciences et Techniques de l’Information a reçu ce mercredi 9 mai 2018 le
professeur Ndiaga Loum. Professeur titulaire au département des sciences
sociales de l’Université du Québec en Outaouais, M. Loum a fait un exposé sur « les
rapports de pouvoirs entre le politique et les médias au Sénégal ».
Comme chaque mercredi soir, les étudiants du CESTI ont
reçu hier une autre sommité dans le cadre des carrefours d’actualité qui se
tiennent à la case foyer du dit centre. M. Loum a débuté par affirmer sa satisfaction
de revenir au CESTI où il a, pour la première fois exercer son métier d’enseignant
vers les années 2000.
Il a étudié les rapports entre le politique et les médias
à travers une argumentation chronologique partant de la période coloniale à nos
jours. Selon lui, le Sénégal a bénéficié d’un contexte « de pluralisme de
presse assez unique » favorisé par le contexte colonial. Il faudra
relativement dater les débuts de la presse au Sénégal vers 1886 avec
principalement deux journaux que sont « Le réveil du Sénégal » et « Le
petit sénégalais ». Au lendemain de cette époque coloniale, la presse a
connu un étouffement avec le régime quasi autoritaire de Senghor. Ce dernier a
toujours voulu contrôler la presse et de la inhiber allant même jusqu’à dire « qu’il
n’y aura pas sous, ma présidence, de quatrième pouvoir de la presse », ce
qui justifie cette pression qu’exerçait le régime de Senghor sur les médias. Après
sa démission en 1980, Abdou Diouf devient le président de la République du
Sénégal et prône aussitôt une libéralisation de tous les secteurs y compris
celui des médias. Ce qui d’ailleurs laisse un bouffé d’oxygène à la presse qui
commença à se mouvoir avec la création de moult médias. En 2000, Wade entre en
scène boosté par les médias qui lui ont donné une certaine légitimité. Il promet
des ruptures dans les médias d’Etat et met en garde aux médias privés, s’impliquant
absolument à la formation des journalistes. De bonne guerre, Wade va
instrumentaliser les appareils médiatiques de l’Etat en vue de répondre aux
médias privés qu’il considérait comme étant une presse d’opposition. Selon M.
Loum, « le régime de Wade s’était inventé des ennemis au-delà du champ strict
de la politique ». Pour ce qui est de la période actuelle marquée par le
régime de Macky Sall, M. Loum remarque « une absence de vision claire »
pour la gestion du domaine de la presse ou un manque de stratégies qui pourrait
être volontaire en vue de garder un œil sur les médias. Il parle d’ « une
soumission volontaire au pouvoir actuel » en parlant de la presse d’Etat. Pour
ce qui est du sérail des médias privés, ils sont divisés, quand les uns s’opposent
vertement, les autres s’approchent ouvertement du pouvoir.
Tout compte fait, M. Loum a voulu, par cette démarche
linéaire, montrer qu’il y a toujours des rapports de force entre le politique
et les médias.
Il reconnait par contre que la presse au Sénégal est en
grande partie inhibée par les bas salaires des journalistes qui poussent
certains d’entre eux à ranger dans les tiroirs toutes les règles d’éthique et
de déontologie. Cependant, force est de reconnaître que même si la presse
échappe au pouvoir politique et au pouvoir de l’argent, le journaliste sera
toujours assujetti à un « pouvoir religieux » qui transcende toujours
les deux premiers.
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