jeudi 10 mai 2018

La presse, "un quatrième pouvoir" étouffé de toute part

Pr. Ndiaga Loum au CESTI

Le Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information a reçu ce mercredi 9 mai 2018 le professeur Ndiaga Loum. Professeur titulaire au département des sciences sociales de l’Université du Québec en Outaouais, M. Loum a fait un exposé sur « les rapports de pouvoirs entre le politique et les médias au Sénégal ».

Comme chaque mercredi soir, les étudiants du CESTI ont reçu hier une autre sommité dans le cadre des carrefours d’actualité qui se tiennent à la case foyer du dit centre. M. Loum a débuté par affirmer sa satisfaction de revenir au CESTI où il a, pour la première fois exercer son métier d’enseignant vers les années 2000.

Il a étudié les rapports entre le politique et les médias à travers une argumentation chronologique partant de la période coloniale à nos jours. Selon lui, le Sénégal a bénéficié d’un contexte « de pluralisme de presse assez unique » favorisé par le contexte colonial. Il faudra relativement dater les débuts de la presse au Sénégal vers 1886 avec principalement deux journaux que sont « Le réveil du Sénégal » et « Le petit sénégalais ». Au lendemain de cette époque coloniale, la presse a connu un étouffement avec le régime quasi autoritaire de Senghor. Ce dernier a toujours voulu contrôler la presse et de la inhiber allant même jusqu’à dire « qu’il n’y aura pas sous, ma présidence, de quatrième pouvoir de la presse », ce qui justifie cette pression qu’exerçait le régime de Senghor sur les médias. Après sa démission en 1980, Abdou Diouf devient le président de la République du Sénégal et prône aussitôt une libéralisation de tous les secteurs y compris celui des médias. Ce qui d’ailleurs laisse un bouffé d’oxygène à la presse qui commença à se mouvoir avec la création de moult médias. En 2000, Wade entre en scène boosté par les médias qui lui ont donné une certaine légitimité. Il promet des ruptures dans les médias d’Etat et met en garde aux médias privés, s’impliquant absolument à la formation des journalistes. De bonne guerre, Wade va instrumentaliser les appareils médiatiques de l’Etat en vue de répondre aux médias privés qu’il considérait comme étant une presse d’opposition. Selon M. Loum, « le régime de Wade s’était inventé des ennemis au-delà du champ strict de la politique ». Pour ce qui est de la période actuelle marquée par le régime de Macky Sall, M. Loum remarque « une absence de vision claire » pour la gestion du domaine de la presse ou un manque de stratégies qui pourrait être volontaire en vue de garder un œil sur les médias. Il parle d’ « une soumission volontaire au pouvoir actuel » en parlant de la presse d’Etat. Pour ce qui est du sérail des médias privés, ils sont divisés, quand les uns s’opposent vertement, les autres s’approchent ouvertement du pouvoir.

Tout compte fait, M. Loum a voulu, par cette démarche linéaire, montrer qu’il y a toujours des rapports de force entre le politique et les médias.  
Il reconnait par contre que la presse au Sénégal est en grande partie inhibée par les bas salaires des journalistes qui poussent certains d’entre eux à ranger dans les tiroirs toutes les règles d’éthique et de déontologie. Cependant, force est de reconnaître que même si la presse échappe au pouvoir politique et au pouvoir de l’argent, le journaliste sera toujours assujetti à un « pouvoir religieux » qui transcende toujours les deux premiers.

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