jeudi 23 avril 2020

Covid-19: Soit on fonce, soit il nous enfonce


Ce coronavirus n’adore pas seulement ceux qui déambulent, il aime aussi ceux qui tâtonnent, ceux qui avancent sur la pointe des pieds, ceux qui tergiversent dans la prise de décisions. Il aime certainement la posture actuelle des autorités sénégalaises. Certes, pour combattre « ce petit qui terrorise les grands », il faut que les stratégies soient précises et concises mais elles doivent être prises sans demi-mesure. Ce virus s’est installé et il n’est pas encore prêt à plier bagage. Il ne nous donne pas aussi le temps de se creuser les méninges pour trouver la bonne formule. Soit on fonce, soit il nous enfonce.

Un mois de couvre-feu... port obligatoire du masque et après ?
Décrété le 23 mars dernier, le couvre-feu a été une décision prise pour éviter les rassemblements afin d’enrayer la chaîne de contamination du covid-19. Mais force est de reconnaître que cette stratégie a montré ses limites. Décidément, nous agissons comme si le virus ne frappait que la nuit. Résultat des courses, la quasi-totalité des cas communautaires ont été enregistrés dans les espaces publics (marchés, hôpitaux, transports en commun…) qui sont bondés de monde durant la journée. Finalement, le virus circule avec nous et se repose avec nous. La guerre n’est pas sécuritaire, elle est sanitaire et l’adversaire est sans scrupule.
Le port du masque est certes une solution pour éviter les contaminations, mais la manière d’imposer cette mesure est une bombe à retardement. En effet, avec la recrudescence des cas communautaires, la police ne devrait pas (comme on le voit dans les vidéos qui circulent) entasser les récalcitrants dans les véhicules. Il serait peut-être mieux que les forces de l’ordre distribuent des masques durant les premiers jours pour appeler les insoumis à une prise de conscience. Et puis quel masque porter ? Qui doit les confectionner ? Comment doit-on les utiliser ? Une multitude d’interrogations qui tournent autour de ce port généralisé de masque et qui restent sans réponses.

On passe à quoi ?
Dans ce combat, à chaque étape, la stratégie de riposte adéquate. L’heure est grave. En trois jours, le Sénégal a enregistré 102 cas positifs au covid-19 dont 12 issus de la transmission communautaire. Il urge de passer à une autre étape, de changer notre fusil d’épaule. En amont, deux mesures devraient être expérimentées : l’une est le confinement des zones les plus touchées pendant au moins 14 jours et l’autre est l’accentuation des dépistages dans ces zones pour en faire au moins 500 par jour. La première est certes bottée en touche par certains pour des raisons socio-économiques. Sauf que dans de telles situations, il revient à l’Etat d’être utile et de s’adapter pour venir à la rescousse des plus impactés. Des œufs seront forcément cassés pour goûter aux omelettes.


En aval, il faudra que l’Etat exerce, sans état d’âme, son « monopole de la violence physique et légitime» pour faire respecter les mesures barrières. Le cas identifié à Tivaouane est révélateur des défaillances notées dans la mise en œuvre de l’interdiction des transports interurbains. Pour juguler ce fléau, il va falloir sans doute hausser le ton et se montrer intransigeant face à certains comportements.

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