vendredi 18 mai 2018

Bilan d’un système « Mackyavélique », « sall » et truffé de « faye »




 Le Sénégal a connu une nouvelle alternance le 25 mars 2012, marquant ainsi l’arrivée de Macky Sall à la tête du pays. Un choix qui n’était pas d’ailleurs fortuit. En effet, voulant coute au coute chasser du pouvoir Abdoulaye Wade, les sénégalais se sont rués vers celui qu’une malédiction semble avoir conduit au second tour. Ainsi, M. Sall arriva au pouvoir, non pas sur la base d’un bon programme ou d’une compétence quelconque mais tout simplement parce qu’il était le seul pneu de secours disponible. Après six années de gouvernance, le constat est unanime, ce « rescapé politique » semble avoir du mal à mener ce pays à bon port. Caractérisé par son manque d’ambition notoire, sa vision limitée et sa gouvernance dictatoriale, « korr Mariéme » semble être la pire des choses qui soient arrivées au Sénégal. C’est du factuel…


Un prometteur de mauvaise foi

Si notre Macky national a une qualité avérée, c’est sa facilité à faire des promesses qu’il ne tient jamais. « Je ferai un mandat de cinq ans » dixit le Lion dormant. Une première promesse qui lui avait permis de gagner la confiance des uns et des autres compte tenu de l’importance d’une telle décision. Hélas, grisé par le pouvoir, M. Sall revient sur sa décision. Ainsi par des tripatouillages constitutionnels orchestrés par ses sherpas qui ne se soucient que de sa bonne assise, il finit par convaincre l’opinion de son obligation de faire un mandat de sept ans suite à un avis du conseil constitutionnel qu’il a détourné en une décision irrévocable. Il n’était pas dans l’espèce d’une question de constitutionnalité, mais plutôt d’une question de moralité et d’éthique.

« Je formerai un gouvernement de 25 ministres pour diminuer les dépenses de l’Etat » promettait le candidat Macky. Aujourd’hui on se retrouve avec un Gouvernement aussi pléthorique avec 83 ministres dont 40 ministres avec portefeuilles, 3 ministres d'Etat et 39 ministres conseillers en plus du Premier ministre. Les postes ministériels sont ainsi devenus des amuses gueules destinés à calmer les crises boulimiques des affamés de la coalition présidentielle.

Le candidat Sall dénonçait le budget présidentiel de son prédécesseur qui était estimé à 1.100.000.000 FCFA. Il avait promis de réduire ce budget « inconcevable pour un pays comme le Sénégal ». Aujourd’hui, le président Sall a mis dans ses poches une somme de 9.162.719.080 FCFA pour ses dépenses personnelles.

Ces exemples précités ne sont que quelques promesses piochées d’une liste qui est loin d’être exhaustive. Mais personne ne pourrait oublier tous les milliards promis aux différentes régions du Sénégal lors des conseils des ministres décentralisés

En bas la justice, en haut la « sallocratie »

Le Sénégal qui était à la 46é place dans l’indice de l’Etat de droit en 2016, s’est retrouvé à la 49é position en 2018 selon le rapport de World Justice Project. Cette chute ne doit guère surprendre les sénégalais qui ont été tous témoins des cas d’injustice perpétrés par le régime en place.  Le bilan de la justice sous Macky tourne autour de réformes, d’emprisonnements et de sauvetages de personnes (transhumants et alliés) qui sont indéniablement épinglées par des rapports qui se sont retrouvés dans les tiroirs du président.

« Je vais réduire l’opposition à sa plus simple expression » menaçait Sall. Cette fois ci, il a tenu sa promesse. Le premier acte posé est le come-back de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) qui a été instrumentalisée pour des règlements de comptes politiques. En effet, en 2012, l’ex procureur spécial Alioune Ndao avait annoncé l’ouverture d’une instruction contre Karim Wade, Oumar Sarr, Abdoulaye Baldé et cie. Parmi 25 personnalités ciblées dans le cadre de la traque des biens mal acquis, hormis l’ex directeur du cadastre (Tahibou Ndiaye), le fils de l’ex-président a été le seul à être jugé le 25 mars 2015 et condamné par la CREI à 6ans de prison et à payer 138 milliards de FCFA d’amende. Et par coup de magie, Karim n’a pas purgé sa peine. Il a été gracié et extradé en catimini vers Dubaï nuitamment sans aucune explication claire. Objectif atteint, la CREI retourne dans les cimetières des juridictions.

Karim Wade rayé de la liste de ses potentiels rivaux, l’homme du PSE s’en prend au Maire de Dakar, Khalifa Sall jugé comme étant une étoile montante et un potentiel danger pour les échéances électorales de 2019. Plusieurs incohérences ont été notées pendant cette procédure suscitant ainsi moult interrogations. Pourquoi le maire de Dakar a été le seul à être poursuivi alors que le rapport de l’IGE avait épinglé plusieurs autres maires ? Si l’immunité parlementaire suppose l’interdiction de toute condamnation de la personne qui en bénéficie, pourquoi le maire de Dakar est resté en prison après avoir été élu député ? Comment peut-on lever l’immunité de quelqu’un qui est déjà en prison ? Un ensemble de paradoxes qui montre le caractère politique d’un tel procès.

L’article 80 du Code pénal est certainement l’article préféré du Président de la République. Pour un rien, la justice se saisit pour user de cette norme jugée archaïque dans le seul but de calmer le lion qui semble se fâcher du tic au tac.  
Pendant que les uns sont poursuivis, les autres sont lavés de tout soupçon de malversations à la faveur d’une transhumance vers le parti présidentiel. Qui peut oublier le cas de la dame aux cuillères à 35.000 FCFA qui dirige aujourd’hui la Commission de la protection des Données Personnelles (CDP) ? La politique est claire, soit tu me rejoins, soit tu as un ticket pour reubeuss peu importe ton passé.

La famille et le parti avant la Patrie

Parler de l’existence d’une dynastie Faye-Sall est une lapalissade. Le fait est inédit, une immixtion inexplicable de la famille du président et de sa belle-famille dans la gestion du pays. Les cousins, les beaux frères, les oncles, les voisins proches, les frères tous sont aujourd’hui au contrôle au détriment d’une compétence quelconque.

Le plus spectaculaire est la mainmise de la first-lady dans les affaires de l’Etat. « Je remercie la première dame sans qui je ne serai pas ministre », ces aveux du ministre de la culture Mbagnick Ndiaye confirment que l’épouse du chef de l’Etat est bel et bien impliquée dans le choix des hommes au sein du gouvernement. Après son limogeage, l’ex secrétaire d’Etat Yakham Mbaye alléguait que « des personnes sont allées me mettre en mal avec la première dame », ce qui lui a valu sa sortie du sérail du palais de la République. Le fait le plus récent est la réunion organisée par la première dame avec les syndicats. Suite à ce déjeuner initié par Mme Sall, les syndicats ont lâché prise. Ce scandale institutionnel n’est qu’une preuve de l’incompétence de Monsieur Sall à assurer ses devoirs régaliens et par conséquent, il ne pouvait que laisser sa place à Madame Sall qui, par le biais d’un super déjeuner est arrivée à convaincre les syndicats.

Plus scandaleux, la nomination de son frère Aliou Sall à la tête de la caisse des dépôts et consignations est un « wax waxett » ignoble d’autant plus qu’il jurait qu’il ne va jamais sortir un décret au profit de son frère qui désormais gère une fortune inestimable.

Matez-les, je suis le chef suprême des armées

Les bavures policières notées sous ce régime sont énormes. C’est sous ce régime qu’on voit des policiers qui osent rouler à contre sens et heurter mortellement des jeunes sans être inquiétés, c’est sous ce régime qu’on voit des policiers qui massacrent des manifestants qui réclament leurs droits, c’est sous ce régime que les hommes de tenue considèrent les étudiants comme des mouches à abattre. Quand un homme de tenue ose tirer à bout portant sur un groupe d’étudiants qui réclament leurs bourses, c’est que ce pays est certainement dirigé par un despote qui ne se soucie que de son pouvoir. Qui a tué Bassirou Faye ? Qui a tué Abdoulaye Timéra ? Qui a tué Fallou Séne ? Peut-être que vous n’allez jamais nous donner des réponses dans ce bas monde, mais que vous y croyez ou pas, vous allez rendre compte devant le plus Juste. Comme nous le conseille le proverbe grec, « ne donnez point l’épée au fou, ni le pouvoir à l’injuste ».

Aujourd’hui vous pouvez mater les étudiants qui réclament leurs bourses parce que vous êtes devenu accidentellement un chef d’Etat. Si on faisait de même avec vous lorsque vous n’étiez qu’un étudiant issu d’une famille plus démunie que démuni (c’est un secret de polichinelle), peut-être qu’actuellement vous aurez 8 milliards de problèmes que l’argument selon lequel Me Wade vous a offert telle ou telle chose ne saura résoudre. Suivez mon regard…

Bref…

Le Sénégal est dans un piteux état. Il est temps de s’alarmer pour ces nombreuses démissions et révoltes des caciques de l’administration qui tous dénoncent une mauvaise gouvernance des autorités. Je me veux pour exemple les cas d’Ousmane Sonko, du magistrat Ibrahima Dème et du capitaine Mamadou Dièye.

Malheureusement, on est dans un pays où le pouvoir par le biais de la crétinisation, parvient à faire gober ses actes et à endormir l’opinion publique. Ce régime semble de jour en jour jouer avec les chiffres afin de leurrer l’opinion publique insensible à la situation du pays. Paradoxalement, pendant qu’ils magnifient la hausse du taux de croissance, le Secrétaire exécutif du conseil national de la sécurité alimentaire (CNSA) alerte sur la hausse du nombre de ménages en situation alimentaire « difficile ». Il estime ce nombre à environ 30 000 ménages.


Il est écœurant M. le président de voir à quel point vous œuvrez pour les intérêts de la France. On avait auparavant espoir, espérant que nous allons couper le maudit cordon ombilical qui nous lie à ce colonisateur. Hélas, depuis votre arrivée au pouvoir, vous ne faites que nous enfoncer dans ce néocolonialisme qui ne cesse de piller nos ressources. Ceux qui vous collent le surnom de "préfet français au Sénégal" n’ont pas tort   

Il est impossible de citer tous les maux de ce système à travers mes mots…

Rendez-vous le 24 février 2019, et n’oubliez jamais les mots de Georges Orwell : « Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime, il est complice. »

Que le Tout-Puissant veille sur notre cher Sénégal…  



  

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