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crédit photo: La riposte |
L’un des droits les
plus fondamentaux que détient une personne vivant dans une société est la
liberté d’expression. Elle est devenue intrinsèquement liée à l’Homme en tant
qu’animal parlant. Toutefois, cette liberté se heurte parfois à une justice en
tant que principe moral impliquant la conformité de la rétribution avec le
mérite, le respect de ce qui est conforme au droit. Quand la liberté
d’expression se déchaîne, la justice resserre l’étau sur elle à travers ses
fonctions régaliennes. Ce qui, d’ailleurs, rend leur cohabitation compliquée.
La déclaration universelle des droits de l’Homme et du
Citoyen de 1789 affirme en son article 10 que : « Nul ne doit être inquiété pour ses
opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas
l'ordre public établi par la Loi ». De ce fait, la liberté d’expression
est un principe aussi vieux que les législations coercitives actuelles. Elle
donne droit à toute personne de penser comme elle le souhaite et de pouvoir
exprimer ses opinions par tous les moyens qu’elle juge opportun, dans tous les
domaines. Hélas, un tel principe se heurte à de multiples contraintes liées à sa
cohabitation avec toute justice pernicieuse. La liberté d’expression fait face
aujourd’hui à des architectures juridiques contraignantes visant à limiter les Hommes
dans leurs manières de donner leurs avis. La justice destinée en principe à
assurer la bonne mise en œuvre de ce droit qu’est la liberté d’expression, est
dès fois détournée de son essence. La frange la plus touchée par ce fait
s’avère être le sérail des journalistes.
La presse
sous silence
En effet, le rapport de « Reporters Sans Frontières » publié le mercredi 25 avril 2018 parle d’une
« haine du journalisme » qui anéantie les démocraties. Cette
dégradation de la liberté de la presse est due en grande partie à
l’instrumentalisation des textes juridiques chargés de garantir les droits des
citoyens. En 2017, le bilan de « Reporters Sans Frontières » avait
fait état de ce que 65 journalistes ont été tués et 326 emprisonnés. Tous ces
journalistes emprisonnés sont pour la plupart victimes des imprécisions des
législations ou de la mauvaise foi des législateurs. En effet, les mots de
l’article 10 de la déclaration universelle des droits de l’Homme cités en
dessus laisse apparaitre des réserves à la liberté d’expression en ces
termes : « …, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre
public établi par la Loi ». Cette réserve a laissé une brèche ouverte à
certains pays qui ont repris les termes sans donner une définition précise de
ce qu’est le « trouble à l’ordre public ». De même, certaines
législations dans l’optique de protéger les chefs de l’Etat au détriment de la
liberté d’expression, en ont usé pour réprimer toute « offense au chef de
l’Etat », expression non définie et qui s’applique à tort et à travers, ne
laissant pas les journalistes en rade. « Les pays, devenus trop dangereux,
se vident de leurs journalistes » explique « Reporters Sans
Frontières ». Une manière de dire que le journaliste est perçu de nos
jours comme une proie sur laquelle, certains dirigeants n’hésitent pas à sauter
du tic au tac.
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Source: Reporters Sans Frontières |
Liberté
d’expression, un désir utopique ?
La liberté de la presse demeure un
principe du droit international qui apparaît dans la déclaration universelle
des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU aux termes de
l’article 19 : « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et
d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses
opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération
de frontière, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que
ce soit ». Ce qui suppose d’ailleurs une liberté absolue dans la collecte
et la diffusion des informations. Cette autonomie est l’essence même du
journalisme et sans elle, le métier serait exsangue. Ainsi, comme le dit Albert
Camus : « Une presse libre peut, bien sûr, être bonne ou mauvaise, mais sans
liberté, la presse ne sera très certainement que mauvaise ».
Toutefois l’on pourrait se demander si
cet idéal prôné par les conventions internationales n’est pas une utopie. En effet,
aussi libre qu’il puisse être, le journaliste ne saurait aller au- delà des
normes établies dans une sphère bien déterminée. Par conséquent, il est appelé
à se conformer à ces normes (souvent taillées à la mesure) sous réserve de se retrouver
derrière les barreaux ou même d’engager la responsabilité de son commettant. Pour
bien exercer son métier, le journaliste pourrait pourtant se fier à l’éthique
et à la déontologie qui ont une valeur de règles morales pouvant lui garantir
un bon exercice.
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