jeudi 29 novembre 2018

La machine russe déclencherait la guerre de l'info



Le carrefour d’actualité du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) a reçu ce mercredi 28 novembre 2018 le festival « Ciné droit libre ». Dans le cadre de sa 5é édition, le festival a comme thème principal « Justice ! Levez-vous ! » avec comme sous-thème « la justice et la Migration ».

« Ciné droit libre » a déposé ses valises à Dakar pour la 5é édition de son festival. Du 27 novembre au 1er décembre 2018, une dizaine de films ont seront projetés dans tout Dakar. C’est dans ce cadre que le CESTI a eu le privilège de recevoir le studio sankara de l’artiste Didier Awadi pour la projection d’un film intitulé « Guerre de l’info : au cœur de la machine russe ».

Ce film est une investigation réalisée par Paul Moreira qui s’est intéressé à l’immixtion des russes dans la campagne présidentielle française. En effet, Emmanuel Macron aujourd’hui président de la République de la France avait accusé deux organes de presse russes en l’occurrence RT (Russia Today) et Sputnik, d’avoir agi comme « des organes d’influence et de propagande mensongère ». Son assertion a ainsi fait un grand tollé laissant croire qu’une nouvelle guerre froide était délocalisée sur internet. Ainsi en creusant de fil en aiguille, Paul Moreira s’est entretenu avec la patronne de RT qui semblait joué la défiance. Sa plus grande rencontre a certainement été celle avec Konstantin Rykov, l’homme de main de Poutine sur les réseaux sociaux qui n’a guère nié la mainmise de la Russie dans les échéances électorales françaises. Ce hacker et ancien député pro-Poutine a joué un rôle clé dans les campagnes américaine et française. Dans cette histoire, le Front National (FN) a été aussi pointé du doigt. En effet, le parti de Marie Le-Pen aurait bénéficié de prêts russes négociés par le député européen d’extrême droite Jean-Luc Schaffhauser.


L’enquête de Paul Moreira a ainsi franchi un rideau de fer quasi impénétrable. Malgré la volatilité du sujet abordé, son enquête est solide, incarnée et touffue.

Ces rendez-vous de partage et de discussion initiés par « ciné droit libre » seront aussi une occasion pour rendre hommage aux hommes du Cinéma. Il y aura également une vulgarisation de l’importance des droits citoyens. Le tout sera bouclé avec des concerts animés par des artistes activistes.

lundi 26 novembre 2018

Le journalisme face à de nouveaux défis


Pour le commun des mortels, un journaliste est une personne dont la profession est de rassembler des informations, de rédiger un article ou mettre en forme un reportage afin de présenter des faits qui contribuent à l’actualité et l’information publiques. Si on se limite à cette définition, le rôle principal du journaliste est de transmettre l’information. Toutefois, l’avancée de la technologie et l’essor du multimédia ont libéralisé l’accès et la diffusion de l’information de telle sorte que, tout le monde peut la collecter, la traiter à sa manière et la diffuser aisément. Ainsi, avec seulement un smartphone, un quidam peut accomplir ces tâches sans même prétendre exercer le métier de journaliste. Par conséquent, le journaliste n’a plus le monopole de l’information comme il pouvait le prétendre il y a quelques années de cela, il est fortement concurrencé dans sa profession.

Devenir journaliste fait rêver bon nombre de jeunes compte tenu de la place qu’ont les organes de presse dans le quotidien des personnes. Informer juste et vraie, est sa seule vocation, ce qui alimente son existence. Toutefois, l’information qui est la matière première du journaliste n’est plus de son apanage, tout le monde peut y accéder sans fournir beaucoup d’efforts. Ce constat est le fruit du développement du numérique qui semble aller plus vite que les mutations du journalisme qui, peine à suivre le rythme. Selon Business insiderGoogle explore plus de 20 milliards de sites web par jour et les sites d’informations y occupent une grande place. Juste au Sénégal, on répertorie plus de 120 sites de presse en ligne. Cette prolifération n’est pas sans effet sur le paysage médiatique classique renfermant la télévision, la radio et la presse écrite. Le nombre d’internautes dépassant de loin le nombre de téléspectateurs, d’auditeurs et de lecteurs, les gens préfèrent s’informer sur ces sites que de se rabattre sur les organes classiques précités. Par conséquent, la qualité de l’information n’est guère une exigence de l’informé. Il se fie ainsi à un informateur qui n’a qu’une seule préoccupation, celle de remplir son site quitte à donner des informations erronées ou non vérifiées. 

Avoir écho d’une information et la partager sur la toile en attendant de voir ce qui en est, est la seule tâche qu’accomplit la majorité des sites d’informations au Sénégal. C’est ce qui justifie d’ailleurs cette prolifération de « fake news » et cette forte désinformation constatées sur la toile. Face à cette situation, le journalisme cherche à s’adapter et à pallier ce phénomène. C’est ce qui justifie l’apparition du « fact-checking » qui est une nouvelle pratique journalistique qui consiste à vérifier les propos tenus par des responsables politiques ou d’autres personnalités publiques. Cette pratique doit de ce fait être intégrée dans le traitement quotidien des journalistes pour assurer la crédibilité des informations diffusées. Cette crédibilité accordée à ses informations est le premier pas de professionnalisme que le journaliste doit franchir. 

Suivez la réaction de M. Mamadou Ndiaye sur le sujet. Il est professeur de journalisme-multimédia au CESTI 

Au Sénégal, le statut du journaliste a été à nouveau redéfini par le nouveau code de presse adopté par les députés le 20 juin 2018. Une fois promulguée, la loi exigera à toute personne voulant exercer le métier de suivre d’abord une formation dans l’une des écoles de journalisme reconnues par l’Etat. Toutefois, il est aussi possible d’être journaliste en ayant d’abord un diplôme universitaire et avoir un minimum de deux ans de stage dans une rédaction. Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, le Président de la Coordination des associations de presse (CAP) considère cette réforme comme une avancée « car trop de gens se présentaient comme des journalistes alors qu’ils ne l’étaient pas ». Mamadou Ibra Kane y voit un moyen d’assainir et de professionnaliser le secteur.

Aujourd’hui, le journalisme doit s’adapter à toutes les mutations technologiques et numériques pour éviter d’être laissé en rade. Dans le contexte actuel, les réseaux sociaux ont modifié le monde des médias en permettant au métier de journaliste de prendre son envol. Toutefois, il peut aussi être largué si les journalistes ne se donnent pas les moyens de suivre le rythme et d’adapter leur travail au contexte actuel.

jeudi 22 novembre 2018

Comment être un bon journaliste sportif?

De la gauche à la droite: M. Mamadou Koumé
 (Enseignant au CESTI)
M. Hedi Hamel
(Conseiller Président CAF)
M. Alain Barbier
(Directeur associé hexactitude)
Le Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) a eu le privilège de recevoir ce jeudi M. Hedi Hamel. Il est le conseiller du Président de la confédération africaine de football (CAF). La conférence avait comme thème : Médias de Sport en Afrique : les  nouveaux défis journalistiques face aux nouvelles technologies.




L’homme est un expérimenté dans le domaine du journalisme sportif. Il a couvert 10 coupes du monde et ça depuis 1982 à l’âge de 18 ans ; 9 jeux olympiques. Ce parcours lui a valu une distinction spéciale de la part de la FIFA en France lors du 69e congrès de l’instance faîtière mondiale. Il est aussi auteur de nombreux ouvrages sur le sport dont "La légende de la CAN" qu'il a rédigé avec Pierre René-Worms. Il a débuté à Afrique Football avant de devenir rédacteur en chef de Canal France International et instructeur Média auprès de la FIFA à partir de 1986. 

Pour Monsieur Hamel, ce n’est pas donné à tout le monde de devenir journaliste sportif, il faut un background. Il y a des exigences que le journaliste doit accomplir. Il doit d’abord connaître le paysage sportif qui l’entoure, ensuite s’informer sur les instances qui le gouvernent telles les fédérations internationales qui sont au nombre de 145 dont il est juste nécessaire d’en connaître les 40 essentielles. Il y a de nos jours plus de 27  millions de matchs organisés dans le monde, ce qui selon M. Hamel donne au football une puissance inégalable. D’ailleurs, la FIFA est le plus grand recruteur au monde avec 460 millions de fiches de paye. Tout ceci devrait être connu par tout journaliste désireux d’exercer dans ce milieu. En Afrique, les deux plus grandes confédérations sont la Confédération Africaine de Football (CAF) et celle de l’athlétisme (CAA).

Etre journaliste sportif, c’est avoir une bonne maîtrise de la réglementation mais aussi avoir un ou deux sports qui seront vos domaines de prédilection. Il s’agira d’éviter de toucher à tout quitte à s’embrouiller. Il doit toujours anticiper en informant ses auditeurs sur ce que le règlement prévoit sur toutes les situations ambiguës qui se présentent à eux. Pour M. Hamel, la réglementation peut aussi être un cauchemar pour le journaliste, c’est à l’exemple de celle de l’athlétisme qui est très fournie. Dans la couverture des grandes compétitions, le journaliste doit avoir le sens de la priorité, il doit toujours être présent au moment des arrivées.

Aujourd’hui, le journalisme sportif fait face à l’essor des technologies auquel le journaliste doit s’adapter pour éviter d’être laissé en rade. Il doit éviter de se laisser berner par la téléphonie mobile qui n’est pas nécessairement indispensable au journaliste.   
    

jeudi 15 novembre 2018

Le Franc CFA étouffe les pays africains

De gauche à droite: Ndongo Samba Sylla (auteur du livre),
Thierno Diop (Professeur au CESTI)
Sahite Gaye (Professeur au CESTI, modérateur du jour)

Le Centre d’études des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI) a reçu ce mercredi 14 novembre l’économiste Ndongo Samba Sylla par ailleurs, chargé de programmes et de recherche au bureau Afrique de l’Ouest de la fondation Rosa-Luxemburg. L’occasion a été saisie par l’invité pour présenter son nouveau livre traitant du Franc CFA.


« L’arme invisible de la Françafrique : une histoire du Franc CFA » est le titre du livre de M. Sylla co-écrit avec la journaliste Fanny Pigeaud. Dans un contexte d’ignorance généralisée de l’importance de la monnaie, M. Sylla dit avoir comme objectif premier la démystification du Franc CFA pour attirer l’attention des Africains. Raison pour laquelle, il a rédigé ce livre sous « un jargon accessible à tous » et pouvant être facilement compris. Selon M. Sylla, Le Franc CFA a été et reste une monnaie coloniale. En effet, par le biais d’un petit rappel historique, il a démontré que le Franc CFA a été créé officiellement le 26 décembre 1945. Bien avant, il y a eu un long processus de destruction des monnaies autochtones compte tenu du pluralisme monétaire qu’avait le territoire africain. L’avènement du Franc en Afrique est ainsi faite dans la violence et la répression car les Africains d’antan résistaient et disaient niet face à un forcing des colons qui ont fini par parvenir à imposer sa monnaie. Ainsi, hormis l’Inde et l’Indochine, c’était le franc métropolitain qui circulait dans tout l’empire colonial français y compris en Afrique. En vrai pourfendeur de la monnaie française, M. Sylla n’a pas manqué à donner les raisons pour lesquelles le Franc CFA serait nocif aux pays africains. En effet, il considère que la stabilité monétaire que louent les défenseurs de la monnaie a été dès le départ une préoccupation coloniale permettant le capital métropolitain de s’investir et rapatrier ses profits et dividendes sans problème.
le livre de Ndongo Samba Sylla

La monnaie appauvrit les pays selon l’auteur du livre. Selon lui, les Investissements directs étrangers (IDE) du Ghana est beaucoup plus supérieur de ceux de tous les 8 pays de l’UEMOA. Par conséquent, les IDE sont mus par d’autres choses que la stabilité financière. Egalement, si on consulte le Revenu réel par habitant des pays de la zone franc, on constate des variations entre 1960 et maintenant mais sur le long terme les Sénégalais se sont appauvris. En termes concrets, le revenu actuel au Sénégal est le même que celui que le colon avait laissé en 1960. Pour l’auteur, à ce rythme, on peut rester des milliers d’années sans s’en sortir. L’autre argument est que la plupart des pays de la zone franc sont classés parmi les Pays les moins avancés (PMA).  

En concluant, il a rappelé que la monnaie est plus importante que la bonne gouvernance qu’on veut faire primer. Ainsi, les pays africains font face à deux choix : soit maintenir le statu quo et rester dans ce trou noir ou bien  prendre le risque d’avoir une monnaie fonctionnelle ou d’autres types d’intégration monétaire pouvant aux pays d’aspirer à un développement durable.                   

mercredi 7 novembre 2018

Facebook s'attaque aux fake news et à la désinformation en ligne

Présidium de l'atelier avec les panélistes 


Le Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI) a accueilli ce mardi 06 novembre 2O18 un atelier sur les fake news et la désinformation en ligne. Cet atelier est organisé par Facebook en collaboration avec le réseau des blogueurs du Sénégal.



Les fake news et la désinformation en ligne sont les principaux défis auxquels les réseaux sociaux tels que Facebook sont confrontés de nos jours. Pour y pallier, Facebook a lancé un projet de fact-checking qui vise à vérifier la véracité des informations partagées sur le réseau social. Ce projet se réalise avec la collaboration de certains organes reconnus dans le secteur de la vérification d’informations. Ici au Sénégal, Facebook collabore avec AfricaCheck qui est une plateforme reconnue dans ce domaine et certifiée par l’organisme International Fack-checking network. Pour la responsable des partenaires médias sur Facebook en Afrique sub-saharienne, Jocelyne Muhutu-Remy, le réseau social a pris conscience des impacts que les fake news peuvent avoir depuis 2016 avec l’élection présidentielle aux Etats-Unis où, Facebook aurait été un lieu de désinformation ayant un impact sur le choix de certains électeurs. Ce projet se passe dans quatre pays d’Afrique qui sont le Sénégal, l’Afrique du sud, le Nigéria et le Kenya. Ici au Sénégal dans un contexte électoral, Facebook sera l’un des espaces les plus utilisés pour passer l’information. Raison pour laquelle, la plateforme se fixe comme objectif de tamiser toutes les informations pour éviter la désinformation en ligne.
Fanta Diallo, représentante du réseau des blogueurs du Sénégal, a attiré l’attention sur les dérives notées sur Facebook, « il est devenu un monstre » dit-elle. Elle a demandé à la plateforme de mieux informer la masse sur les dangers qui peuvent découler de l’utilisation des réseaux sociaux.

Après avoir remercié les initiateurs de cet atelier, le directeur des études du CESTI, Mamadou Ndiaye, a salué cette innovation de Facebook et a annoncé que leur école de journalisme a inséré cette année deux nouveaux modules à savoir le Fack-Checking et le journalisme de données. Ceci servira à éviter d’être largué par la vitesse de la révolution numérique.