mardi 25 décembre 2018

Qui pour apprendre le sens de la priorité au Maire de Saint Louis ?




Comme il en a l’habitude, la mairie de Saint Louis a décidé d’organiser un concert dans le cadre des festivités du mois de décembre. En tant qu’un inconditionnel du lead vocal de Faramareen music, M. le Maire ne peut rester une année sans savourer les belles mélodies de Waly Ballago Seck, c’est une lapalissade. Cette année, Mansour semble être dans un état de manque inexplicable. Après le concert du 14 août dernier, le Maire a  décidé de faire un bis ce 25 décembre. Une décision qui n’a pas plu aux jeunes saint-louisiens qui appellent leur maire à avoir le sens de la priorité.



Force est de constater que la ville de Saint Louis est en ce moment dans un état chaotique et fait face à d’innombrables difficultés. Pendant que tout le monde se soucie de la situation des habitants de la langue de Barbarie qui peinent à trouver le bout du tunnel face à l’érosion côtière qui a détruit la quasi-totalité des maisons, le maire préfère décaisser près de 30 millions de FCFA pour se faire plaisir. Aujourd’hui, les sinistrés sont relogés à Khar Yalla dans des conditions inhumaines. Plus de 1000 personnes y logent dans une insalubrité absolue et sans aucun soutien considérable de la mairie de Saint Louis. Mais bon, ils ne sont pas si importants aux Yeux de Mansour.
Les dégâts causés par la houle à la langue de barbarie
crédit photo: Ndarinfo

Il faudrait certainement forcer M. le maire à faire un tour dans la ville pour qu’il puisse découvrir sa face hideuse. Peut-être qu’il n’est pas au courant de l’inondation des cimetières de Guet Ndar provoquée par les fortes houles qui ont affaissé le mur de l’entourage. Il ignore certainement la problématique de l’insalubrité qui empire de jour en jour, le bloggeur Thierno Dicko a raison de dire que « Saint Louis est submergée par les ordures et les saletés ». Il est clair que le maire n’est pas du tout informé ou même s’il est, il a un réel problème avec le « sens de la priorité ».
Les cimetières envahis par les eaux et les ordures
Crédit Photo: Thierno Dicko

Il peut lui-même organiser ce concert avec tout ce qui va avec, mais seul les Saint-louisiens peuvent décider de sa réussite ou pas. Nous avons notre sort en main. Soit nous acceptons d’être des citoyens crétinisés, soit nous décidons d’user de notre sens du discernement et de cesser de suivre aveuglement nos « autorités » qui ne se soucient guère de nos conditions de vie. Quant au maire, il serait opportun pour lui de laisser une oreille attentive à cette jeunesse qui crie son désaccord, car comme le dit l’autre, « entendre le cri de la population, c’est éviter une future révolution ». Et n’oubliez pas, ils auront dans quelques mois la possibilité de corriger leur erreur de 2014. Pensez-y…


lundi 10 décembre 2018

Une "colère jaune" brûle Paris


Libération.com
En France, un mouvement dénommé les « gilets jaunes » est né récemment. Il est apparu en octobre 2018 avec comme revendication de départ la hausse des prix du carburant automobile, elle-même liée à l’augmentation de la taxe sur les produits pétroliers. Il s’agit probablement du mouvement français  le plus important du siècle.

Tout est parti d’une diffusion d’appels de citoyens à manifester sur les réseaux sociaux. Ces « gilets jaunes » sont passés à l’acte pour la première fois le 17 novembre 2018 qui va par la suite se répéter les samedis suivants en s’étendant sur tout le territoire français. Pacifiques à certains endroits, violents à d’autres les « gilets jaunes » sont une vague colorée que personne n’a vu venir. Au point que, après trois week-ends consécutifs d’une mobilisation accompagnée de violences croissantes. C’est alors que l’idée d’un grand rassemblement surgit. Au total, le ministère de l’intérieur a annoncé 2039 actions et 282.710 manifestants pour la première journée de manifestation ; 229 personnes sont blessées, dont sept gravement. Leur force s’accroît et le mouvement exige la « démission » d’Emmanuel Macron. Ainsi, il apparaît clairement que les « gilets jaunes » ne dénoncent pas seulement la hausse du prix des carburants, mais expriment un ras-le-bol général fondé sur la fiscalité, mais aussi sur le pouvoir d’achat ou les services publics. C’est le 1 décembre que la violence a atteint un niveau inattendu. Véhicules incendiés, magasins détruits et pillés : le chaos règne au cœur de Paris. 


Le président Emmanuel Macron est venu sur les lieux pour constater les dégâts causés par les manifestants. Toutefois, il n’a pas fait de déclaration sur le phénomène. Cependant, il s’est dit décidé de préserver la stabilité du pays en évitant la violence.

Aujourd’hui la capitale est barricadée et dotée d’un dispositif de sécurité et répressif exceptionnel avec près de 2000 arrestations. Macron doit rencontrer aujourd’hui les partenaires  sociaux avant de donner une allocution à 20h. 

Sidy Lamine Niass n'est plus

Le Président directeur général du groupe Walfadjri a tiré sa révérence ce mardi 4 décembre 2018. Sidy Lamine Niass est décédé à l’âge de 68 ans à l’hôpital Principal de Dakar et repose désormais à Léona Niasséne près de ses parents.  

L’information a surpris plus qu’un. C’est le mardi de bonne heure que la nouvelle est tombée. Sidy Lamine Niass est décédé d’un arrêt cardiaque selon des sources proches de sa famille. Au lendemain de son décès, de multiples polémiques ont été soulevées sur le lieu de son inhumation. Cheikh Niass, fils du défunt, a voulu l’enterrer à Dakar dans le cimetière de Yoff « conformément au vœu de son père ». La polémique a ainsi été levée par son frère Ahmed Khalifa Niass qui par le biais d’une déclaration a annoncé que Sidy sera finalement inhumé à Kaolack auprès du défunt khalife de Léona Niasséne. Une déclaration qui a aussi suscité de moult interrogations. Suivez-le…


Qui est Sidy ?

Sidi Lamine Niass est né le 15 août 1950 à Kaolack. Fils du grand savant, écrivain et homme de Dieu, Khalifa El Hadj Mohamad Niass. Sidi Lamine Niass s’est beaucoup investi pour l’unification de la grande famille niassène. Entretenant les meilleures relations avec l’ensemble des guides religieux du Sénégal et n’accordant pas une grande différence entre sunnites, chiites et soufis. Sidi Lamine Niass a également beaucoup œuvré pour l’entente entre les confréries à travers des actes concrets et remarquables

Un éternel révolutionnaire…

Sidy Lamine a toujours incarné le contre-pouvoir. En effet, dès son retour de Caire où il était allé faire des études de droit et de jurisprudence islamique, il est incarcéré de novembre 1979 à novembre 1980 à cause de ses virulentes critiques contre le régime de Senghor. Il crée ainsi le journal bimensuel Walfadjri en 1984 qui évoluera progressivement vers une parution quotidienne. En 1997, il obtient une bande FM et crée sa radio qui devient, à la fin des années 1990, la radio la plus écoutée du Sénégal. Il a collaboré avec les derniers présidents sénégalais, n’hésitant pourtant pas à dénoncer les dérives et injustices.   

Toute la nation a rendu un vibrant hommage à cet homme d’une dimension exceptionnelle.

mercredi 5 décembre 2018

Les principes fondamentaux de la fiscalité des industries extractives

De la gauche à la droite:
M. Sahite Gaye (Enseignant au CESTI, modérateur du jour)
M. Thialy Faye (invité du jour)

Le Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) a reçu ce M. Thialy Faye dans le cadre des carrefours d’actualité. L’invité est un juriste, membre du forum civil. Pour cet après-midi du 5 décembre, les discussions ont tourné autour de la fiscalité des industries extractives.



M. Faye a commencé son exposé par une conceptualisation de certains termes liés à la fiscalité. Cette dernière conçue comme l’ensemble des règles relatives à l’imposition et à la taxation va au-delà du droit fiscal et intègre aujourd’hui de nombreux autres domaines tels que l’économie, les finances etc. Quant à l’impôt, il désigne une prestation pécuniaire requise des personnes de droit public et de droit privé selon leur capacité contributive par voie d’autorité à titre définitif et sans contrepartie précise en vue de la couverture des charges publiques ou à des besoins d’intervention de l’Etat. Contrairement à la taxe qui est une prestation pécuniaire requise des personnes en contrepartie de l’usage d’un bien public, ou en vue de sa réalisation.

Après cette série de définitions, l’invité a tenu à faire une différenciation entre différents types de fiscalités. Entre autres, la fiscalité de porte et celle interne. La première s’applique à l’entrée ou à la sortie d’un pays ou d’un territoire, encore appelée le cordon douanier. Elle comprend le Droit de Douane et les taxes annexes. La seconde s’applique après le franchissement du cordon douanier. Toutefois, le type de fiscalité qui était au centre du débat est celle minière renfermant l’ensemble des règles relatives à l’imposition et à la taxation de l’activité pétrolière, gazière et minière, sans se circonscrire à la règle juridique.

La fiscalité minière est exécutée à travers un ensemble d’instruments. On peut en citer le bonus de production qui est exigé aux compagnies et est lié à une découverte commerciale. Il consiste en une série de versements généralement au début de la production, et chaque fois que celle-ci atteint un certain seuil en terme de quantité cumulée. Il y a aussi le bonus de signature qui est un instrument perçu au moment de la signature du contrat pétrolier. Il consiste en un versement unique à montant variable fixé en fonction de l’intérêt d’une zone de recherche donnée.

Dans un contexte de découverte de ressources gazières au Sénégal, M. Faye pense que le Sénégal pouvait gagner plus que ce qui est annoncé par l’Etat du Sénégal. Aussi, il y a selon lui une inadéquation entre les textes et le contexte actuel. Le code minier en vigueur date de 1998 et était incitatif, ce qui a défavorisé le Sénégal dans les accords signés avec les compagnies. Aujourd'hui, le seul bonus encaissé par le Sénégal est celui découlant de l'accord avec Total.

jeudi 29 novembre 2018

La machine russe déclencherait la guerre de l'info



Le carrefour d’actualité du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) a reçu ce mercredi 28 novembre 2018 le festival « Ciné droit libre ». Dans le cadre de sa 5é édition, le festival a comme thème principal « Justice ! Levez-vous ! » avec comme sous-thème « la justice et la Migration ».

« Ciné droit libre » a déposé ses valises à Dakar pour la 5é édition de son festival. Du 27 novembre au 1er décembre 2018, une dizaine de films ont seront projetés dans tout Dakar. C’est dans ce cadre que le CESTI a eu le privilège de recevoir le studio sankara de l’artiste Didier Awadi pour la projection d’un film intitulé « Guerre de l’info : au cœur de la machine russe ».

Ce film est une investigation réalisée par Paul Moreira qui s’est intéressé à l’immixtion des russes dans la campagne présidentielle française. En effet, Emmanuel Macron aujourd’hui président de la République de la France avait accusé deux organes de presse russes en l’occurrence RT (Russia Today) et Sputnik, d’avoir agi comme « des organes d’influence et de propagande mensongère ». Son assertion a ainsi fait un grand tollé laissant croire qu’une nouvelle guerre froide était délocalisée sur internet. Ainsi en creusant de fil en aiguille, Paul Moreira s’est entretenu avec la patronne de RT qui semblait joué la défiance. Sa plus grande rencontre a certainement été celle avec Konstantin Rykov, l’homme de main de Poutine sur les réseaux sociaux qui n’a guère nié la mainmise de la Russie dans les échéances électorales françaises. Ce hacker et ancien député pro-Poutine a joué un rôle clé dans les campagnes américaine et française. Dans cette histoire, le Front National (FN) a été aussi pointé du doigt. En effet, le parti de Marie Le-Pen aurait bénéficié de prêts russes négociés par le député européen d’extrême droite Jean-Luc Schaffhauser.


L’enquête de Paul Moreira a ainsi franchi un rideau de fer quasi impénétrable. Malgré la volatilité du sujet abordé, son enquête est solide, incarnée et touffue.

Ces rendez-vous de partage et de discussion initiés par « ciné droit libre » seront aussi une occasion pour rendre hommage aux hommes du Cinéma. Il y aura également une vulgarisation de l’importance des droits citoyens. Le tout sera bouclé avec des concerts animés par des artistes activistes.

lundi 26 novembre 2018

Le journalisme face à de nouveaux défis


Pour le commun des mortels, un journaliste est une personne dont la profession est de rassembler des informations, de rédiger un article ou mettre en forme un reportage afin de présenter des faits qui contribuent à l’actualité et l’information publiques. Si on se limite à cette définition, le rôle principal du journaliste est de transmettre l’information. Toutefois, l’avancée de la technologie et l’essor du multimédia ont libéralisé l’accès et la diffusion de l’information de telle sorte que, tout le monde peut la collecter, la traiter à sa manière et la diffuser aisément. Ainsi, avec seulement un smartphone, un quidam peut accomplir ces tâches sans même prétendre exercer le métier de journaliste. Par conséquent, le journaliste n’a plus le monopole de l’information comme il pouvait le prétendre il y a quelques années de cela, il est fortement concurrencé dans sa profession.

Devenir journaliste fait rêver bon nombre de jeunes compte tenu de la place qu’ont les organes de presse dans le quotidien des personnes. Informer juste et vraie, est sa seule vocation, ce qui alimente son existence. Toutefois, l’information qui est la matière première du journaliste n’est plus de son apanage, tout le monde peut y accéder sans fournir beaucoup d’efforts. Ce constat est le fruit du développement du numérique qui semble aller plus vite que les mutations du journalisme qui, peine à suivre le rythme. Selon Business insiderGoogle explore plus de 20 milliards de sites web par jour et les sites d’informations y occupent une grande place. Juste au Sénégal, on répertorie plus de 120 sites de presse en ligne. Cette prolifération n’est pas sans effet sur le paysage médiatique classique renfermant la télévision, la radio et la presse écrite. Le nombre d’internautes dépassant de loin le nombre de téléspectateurs, d’auditeurs et de lecteurs, les gens préfèrent s’informer sur ces sites que de se rabattre sur les organes classiques précités. Par conséquent, la qualité de l’information n’est guère une exigence de l’informé. Il se fie ainsi à un informateur qui n’a qu’une seule préoccupation, celle de remplir son site quitte à donner des informations erronées ou non vérifiées. 

Avoir écho d’une information et la partager sur la toile en attendant de voir ce qui en est, est la seule tâche qu’accomplit la majorité des sites d’informations au Sénégal. C’est ce qui justifie d’ailleurs cette prolifération de « fake news » et cette forte désinformation constatées sur la toile. Face à cette situation, le journalisme cherche à s’adapter et à pallier ce phénomène. C’est ce qui justifie l’apparition du « fact-checking » qui est une nouvelle pratique journalistique qui consiste à vérifier les propos tenus par des responsables politiques ou d’autres personnalités publiques. Cette pratique doit de ce fait être intégrée dans le traitement quotidien des journalistes pour assurer la crédibilité des informations diffusées. Cette crédibilité accordée à ses informations est le premier pas de professionnalisme que le journaliste doit franchir. 

Suivez la réaction de M. Mamadou Ndiaye sur le sujet. Il est professeur de journalisme-multimédia au CESTI 

Au Sénégal, le statut du journaliste a été à nouveau redéfini par le nouveau code de presse adopté par les députés le 20 juin 2018. Une fois promulguée, la loi exigera à toute personne voulant exercer le métier de suivre d’abord une formation dans l’une des écoles de journalisme reconnues par l’Etat. Toutefois, il est aussi possible d’être journaliste en ayant d’abord un diplôme universitaire et avoir un minimum de deux ans de stage dans une rédaction. Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, le Président de la Coordination des associations de presse (CAP) considère cette réforme comme une avancée « car trop de gens se présentaient comme des journalistes alors qu’ils ne l’étaient pas ». Mamadou Ibra Kane y voit un moyen d’assainir et de professionnaliser le secteur.

Aujourd’hui, le journalisme doit s’adapter à toutes les mutations technologiques et numériques pour éviter d’être laissé en rade. Dans le contexte actuel, les réseaux sociaux ont modifié le monde des médias en permettant au métier de journaliste de prendre son envol. Toutefois, il peut aussi être largué si les journalistes ne se donnent pas les moyens de suivre le rythme et d’adapter leur travail au contexte actuel.

jeudi 22 novembre 2018

Comment être un bon journaliste sportif?

De la gauche à la droite: M. Mamadou Koumé
 (Enseignant au CESTI)
M. Hedi Hamel
(Conseiller Président CAF)
M. Alain Barbier
(Directeur associé hexactitude)
Le Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) a eu le privilège de recevoir ce jeudi M. Hedi Hamel. Il est le conseiller du Président de la confédération africaine de football (CAF). La conférence avait comme thème : Médias de Sport en Afrique : les  nouveaux défis journalistiques face aux nouvelles technologies.




L’homme est un expérimenté dans le domaine du journalisme sportif. Il a couvert 10 coupes du monde et ça depuis 1982 à l’âge de 18 ans ; 9 jeux olympiques. Ce parcours lui a valu une distinction spéciale de la part de la FIFA en France lors du 69e congrès de l’instance faîtière mondiale. Il est aussi auteur de nombreux ouvrages sur le sport dont "La légende de la CAN" qu'il a rédigé avec Pierre René-Worms. Il a débuté à Afrique Football avant de devenir rédacteur en chef de Canal France International et instructeur Média auprès de la FIFA à partir de 1986. 

Pour Monsieur Hamel, ce n’est pas donné à tout le monde de devenir journaliste sportif, il faut un background. Il y a des exigences que le journaliste doit accomplir. Il doit d’abord connaître le paysage sportif qui l’entoure, ensuite s’informer sur les instances qui le gouvernent telles les fédérations internationales qui sont au nombre de 145 dont il est juste nécessaire d’en connaître les 40 essentielles. Il y a de nos jours plus de 27  millions de matchs organisés dans le monde, ce qui selon M. Hamel donne au football une puissance inégalable. D’ailleurs, la FIFA est le plus grand recruteur au monde avec 460 millions de fiches de paye. Tout ceci devrait être connu par tout journaliste désireux d’exercer dans ce milieu. En Afrique, les deux plus grandes confédérations sont la Confédération Africaine de Football (CAF) et celle de l’athlétisme (CAA).

Etre journaliste sportif, c’est avoir une bonne maîtrise de la réglementation mais aussi avoir un ou deux sports qui seront vos domaines de prédilection. Il s’agira d’éviter de toucher à tout quitte à s’embrouiller. Il doit toujours anticiper en informant ses auditeurs sur ce que le règlement prévoit sur toutes les situations ambiguës qui se présentent à eux. Pour M. Hamel, la réglementation peut aussi être un cauchemar pour le journaliste, c’est à l’exemple de celle de l’athlétisme qui est très fournie. Dans la couverture des grandes compétitions, le journaliste doit avoir le sens de la priorité, il doit toujours être présent au moment des arrivées.

Aujourd’hui, le journalisme sportif fait face à l’essor des technologies auquel le journaliste doit s’adapter pour éviter d’être laissé en rade. Il doit éviter de se laisser berner par la téléphonie mobile qui n’est pas nécessairement indispensable au journaliste.   
    

jeudi 15 novembre 2018

Le Franc CFA étouffe les pays africains

De gauche à droite: Ndongo Samba Sylla (auteur du livre),
Thierno Diop (Professeur au CESTI)
Sahite Gaye (Professeur au CESTI, modérateur du jour)

Le Centre d’études des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI) a reçu ce mercredi 14 novembre l’économiste Ndongo Samba Sylla par ailleurs, chargé de programmes et de recherche au bureau Afrique de l’Ouest de la fondation Rosa-Luxemburg. L’occasion a été saisie par l’invité pour présenter son nouveau livre traitant du Franc CFA.


« L’arme invisible de la Françafrique : une histoire du Franc CFA » est le titre du livre de M. Sylla co-écrit avec la journaliste Fanny Pigeaud. Dans un contexte d’ignorance généralisée de l’importance de la monnaie, M. Sylla dit avoir comme objectif premier la démystification du Franc CFA pour attirer l’attention des Africains. Raison pour laquelle, il a rédigé ce livre sous « un jargon accessible à tous » et pouvant être facilement compris. Selon M. Sylla, Le Franc CFA a été et reste une monnaie coloniale. En effet, par le biais d’un petit rappel historique, il a démontré que le Franc CFA a été créé officiellement le 26 décembre 1945. Bien avant, il y a eu un long processus de destruction des monnaies autochtones compte tenu du pluralisme monétaire qu’avait le territoire africain. L’avènement du Franc en Afrique est ainsi faite dans la violence et la répression car les Africains d’antan résistaient et disaient niet face à un forcing des colons qui ont fini par parvenir à imposer sa monnaie. Ainsi, hormis l’Inde et l’Indochine, c’était le franc métropolitain qui circulait dans tout l’empire colonial français y compris en Afrique. En vrai pourfendeur de la monnaie française, M. Sylla n’a pas manqué à donner les raisons pour lesquelles le Franc CFA serait nocif aux pays africains. En effet, il considère que la stabilité monétaire que louent les défenseurs de la monnaie a été dès le départ une préoccupation coloniale permettant le capital métropolitain de s’investir et rapatrier ses profits et dividendes sans problème.
le livre de Ndongo Samba Sylla

La monnaie appauvrit les pays selon l’auteur du livre. Selon lui, les Investissements directs étrangers (IDE) du Ghana est beaucoup plus supérieur de ceux de tous les 8 pays de l’UEMOA. Par conséquent, les IDE sont mus par d’autres choses que la stabilité financière. Egalement, si on consulte le Revenu réel par habitant des pays de la zone franc, on constate des variations entre 1960 et maintenant mais sur le long terme les Sénégalais se sont appauvris. En termes concrets, le revenu actuel au Sénégal est le même que celui que le colon avait laissé en 1960. Pour l’auteur, à ce rythme, on peut rester des milliers d’années sans s’en sortir. L’autre argument est que la plupart des pays de la zone franc sont classés parmi les Pays les moins avancés (PMA).  

En concluant, il a rappelé que la monnaie est plus importante que la bonne gouvernance qu’on veut faire primer. Ainsi, les pays africains font face à deux choix : soit maintenir le statu quo et rester dans ce trou noir ou bien  prendre le risque d’avoir une monnaie fonctionnelle ou d’autres types d’intégration monétaire pouvant aux pays d’aspirer à un développement durable.                   

mercredi 7 novembre 2018

Facebook s'attaque aux fake news et à la désinformation en ligne

Présidium de l'atelier avec les panélistes 


Le Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI) a accueilli ce mardi 06 novembre 2O18 un atelier sur les fake news et la désinformation en ligne. Cet atelier est organisé par Facebook en collaboration avec le réseau des blogueurs du Sénégal.



Les fake news et la désinformation en ligne sont les principaux défis auxquels les réseaux sociaux tels que Facebook sont confrontés de nos jours. Pour y pallier, Facebook a lancé un projet de fact-checking qui vise à vérifier la véracité des informations partagées sur le réseau social. Ce projet se réalise avec la collaboration de certains organes reconnus dans le secteur de la vérification d’informations. Ici au Sénégal, Facebook collabore avec AfricaCheck qui est une plateforme reconnue dans ce domaine et certifiée par l’organisme International Fack-checking network. Pour la responsable des partenaires médias sur Facebook en Afrique sub-saharienne, Jocelyne Muhutu-Remy, le réseau social a pris conscience des impacts que les fake news peuvent avoir depuis 2016 avec l’élection présidentielle aux Etats-Unis où, Facebook aurait été un lieu de désinformation ayant un impact sur le choix de certains électeurs. Ce projet se passe dans quatre pays d’Afrique qui sont le Sénégal, l’Afrique du sud, le Nigéria et le Kenya. Ici au Sénégal dans un contexte électoral, Facebook sera l’un des espaces les plus utilisés pour passer l’information. Raison pour laquelle, la plateforme se fixe comme objectif de tamiser toutes les informations pour éviter la désinformation en ligne.
Fanta Diallo, représentante du réseau des blogueurs du Sénégal, a attiré l’attention sur les dérives notées sur Facebook, « il est devenu un monstre » dit-elle. Elle a demandé à la plateforme de mieux informer la masse sur les dangers qui peuvent découler de l’utilisation des réseaux sociaux.

Après avoir remercié les initiateurs de cet atelier, le directeur des études du CESTI, Mamadou Ndiaye, a salué cette innovation de Facebook et a annoncé que leur école de journalisme a inséré cette année deux nouveaux modules à savoir le Fack-Checking et le journalisme de données. Ceci servira à éviter d’être largué par la vitesse de la révolution numérique.

mardi 18 septembre 2018

Et si Sonko était le Messie ?

Crédit photo: Seneplus.com

Leader de Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef-Les Patriotes), Ousmane Sonko a fait ces dernières années une ascension fulgurante dans le cercle politique sénégalais. Inspecteur principal des impôts et domaines de profession, il est connu pour ses positions radicales et véhémentes contre le régime en place. Cet homme au parcours quasi parfait et au discours atypique prône le « changement du système » à travers un modèle économique endogène.

Il ne lui a fallu que quatre années d’existence dans le sérail de la politique sénégalaise pour s’imposer et se hisser à la tête de l’opposition. Né le 15 juillet 1974, ce natif de Thiès a été un brillant étudiant. Major de sa promotion au concours d’entrée à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) du Sénégal, Sonko a obtenu une maîtrise en droit publique à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis.  En 2001 il sort diplômer de l’ENA, section « Impôts et Domaines » et intègre l’administration avec un premier poste qui le conduit au Centre des services fiscaux de Pikine. En 2003, Il obtient un diplôme d’études approfondies (DEA) en finances publiques et fiscalité de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Il est aussi titulaire d’un Master 2 en Gestion et Finances Publiques de l’Institut Supérieur des Finances (ISF) et également doctorant en droit public économique et fiscalité à l’Université Jean Moulin Lyon III.

Ousmane Sonko a débuté sa carrière comme Inspecteur principal des Impôts et des Domaines. Il a été vérificateur fiscal et chef de Brigade de vérification fiscale, chargé du secteur immobilier. Il était auditeur interne à la Direction du Contrôle Interne (DCI) de la Direction Générale des Impôts et Domaines (DGID). Radié par le décret N°2016-1239 du Président Macky pour «indiscrétion professionnelle», Sonko est révélé au grand public par la presse sénégalaise.

Décrit comme l’homme qui incarne le renouveau, Ousmane Sonko se voit lui-même comme étant « le prototype abouti et parfait du sénégalais ». L’homme a réussi à sortir de ce lot de politiciens majoritairement vomis par les sénégalais. Contrairement aux autres leaders de l’opposition qui sont que des produits d’un recyclage politique, Sonko est arrivé avec une nouvelle offre qui semble séduire plus qu’un. Il est incontestablement l’un des plus farouches pourfendeurs du système. L’homme n’est pas un acteur politique passif. En effet, il a publié en 2017 Pétrole et gaz au Sénégal : chronique d’une spoliation et un an après Solutions. Quand le premier livre avait pour but d’éclairer la lanterne des sénégalais sur la gestion du pétrole et du gaz découverts au Sénégal, le second vient donner des réponses aux moult problèmes qui gangrènent le pays et décline son modèle économique.

Ousmane Sonko a réussi aujourd’hui à drainer une foule immense composée particulièrement de jeunes qui adhérent à cet esprit de patriotisme basé sur « le don de soi pour la patrie ». Le nouveau type de militant dressé par le leader de Pastef est ce citoyen qui vit pour sa patrie au détriment des partialités, c’est ce citoyen qui adhère à une vision politique bien définie et non à des rêveries vendues par certains leaders politiques.

Elu député en 2017, Sonko annonça les couleurs en ces termes : « J'affecte le 1/3 de mon salaire de député à la pouponnière de Kaolack, et le 1/3 autre aux femmes transformatrices de Casamance ». Cet acte n’était que le début d’un anticonformisme total. En effet, lors de la rentrée parlementaire de 2018, Ousmane Sonko pousse la provocation très loin en dénonce l’indemnité de rentrée réclamée par les députés qui se chiffre à 10 millions. Cette dénonciation n’a pas plu aux députés de la majorité qui ont démenti cette information. Ses actes ont fait de lui un des chouchous du public.

Sonko est incontestablement l’un des opposants les plus sérieux qui peuvent créer une surprise le soir du 24 février 2019. Que ceux qui se croient invincibles se méfient des nouveaux votants, ces jeunes qui ont comme quartier général les réseaux sociaux. A bon entendeur, salut !


dimanche 12 août 2018

Lettre Ouverte à la Première Dame du Sénégal



Mme la Première Dame du Sénégal,


J’ai eu écho de votre amabilité et de votre sens à l’écoute. Le site de la présidence de la République du Sénégal a tenu aussi à magnifier votre « capacité d’écoute et de communication avec les couches pauvres de la population et les jeunes ». Sans être panégyriste, j’ose gober ces mots en étant de bonne foi.

Vous serez certainement étonné de recevoir ce courrier dont le destinateur vous est inconnu. Mais rassurez-vous, je ne suis que la « bouche des malheurs qui n’ont point de bouche ». En effet, Ce sont les mots d’Hillary Clinton qui m’ont mis la puce à l’oreille. Elle suppose que : « Première dame dans un pays, ce n'est pas un emploi, c'est un rôle », raison pour laquelle j’ai fait de vous mon émissaire, compte tenu de vos qualités précitées, afin de faire parvenir à votre mari nos maux en attendant ses mots. Je ne doute pas de votre influence sur l’exercice du pouvoir exécutif. Comme l’affirmait quidam : « Nous devons tous remercier M.F, c’est grâce à elle que nous sommes dans le gouvernement ». Chose regrettable, mais il en est ainsi. J’ose donc espérer que ma lettre est dans de bonnes-mains.

Mme Sall, seule dans votre palais allongée sur votre lit somptueux, êtes-vous satisfaite de la manière dont votre époux gouverne le pays ? Êtes-vous d’avis avec ses décisions ? Avez-vous une fois essayé de remonter les bretelles à votre « Macky national », pour ses multiples dérives ? Tant d’autres interrogations que je voudrai vous exposer mais hélas ce bout de papier ne pourra pas toutes les contenir. Permettez-moi donc d’être concis et bref.
Notre pays est dans un état déplorable. Tous les secteurs sont aujourd’hui en ébullition. Le régime de votre mari nous a vendu un rêve, celui d’un « Sénégal émergent ». Nous y avons cru. Mais aujourd’hui on se rend compte que notre pays est en chute libre, en parfaite immersion.

Il serait une lapalissade de vous dire que votre mari a cédé tous les secteurs générateurs de revenues à nos anciens colonisateurs, aujourd’hui nos pilleurs sans vergogne. Son prédécesseur, de surcroit son père idéologique, Abdoulaye Wade avait pourtant annoncé les couleurs d’une politique économique endogène en favorisant les entreprises locales au détriment de celles de l’extérieur. Après juste sept années de gouvernance, on constate que tous nos secteurs clés sont sous le joug de la France. Les illustrations pourraient s’étaler sur une dizaine de pages, mais permettez-moi de vous en citer quelques-unes. Le terminal roulier du port autonome de Dakar destiné à l’import et l’export est attribué à Bolloré Africa Logistics, le terminal vraquier exploité pour l’import et l’export de marchandises solides en vrac est attribué à Necotrans. Le Train Express National (TER) constitue une autre preuve de la subordination de notre pays à la métropole ; Alstom se chargera de le construire, la construction de la voie ferrée revient à Eiffage Rail, l’exploitation et la maintenance sont assurées par la Société Nationale des Chemins de fer Français (SNCF) et la Régie Autonome des Transports Parisiens (RATP). Par conséquent, votre mari sauve 400 emplois de Belfort, l’un des 12 sites français d’Alstom menacé de fermeture. Ses choix ne sauraient s’expliquer d’autant plus que certaines entreprises ferroviaires françaises n’hésitent pas à aller acheter leurs locomotives dans d’autres pays. C’est le cas d’Akiem (filiale de la SNCF) qui a attribué à l’allemand Vossloh une commande de 44 motrices pour un montant de 140 millions d’euros au détriment d’Alstom. Les entreprises françaises elles-mêmes sont conscientes de la qualité des trains du constructeur allemand mais aussi de leurs prix très inférieur à ceux d’Alstom. Je ne pourrais taire le scandale d’Auchan. Cette multinationale ne cesse d’affaiblir nos petites et moyennes entreprises et le régime de votre mari semble être d’avis avec sa politique.

Pendant que votre époux et son gouvernement nous annoncent sans cesse l’augmentation du taux de croissance, la population sénégalaise vit dans une précarité inexplicable. Pendant qu’ils s’empressent de créer « une nouvelle ville » où se limite leur vision, les habitants de la capitale peinent à voir le bout du tunnel. Entre pénurie d’eau, de poches de sang, d’essence, de médicaments j’en passe, la hausse du taux de croissance semble être soit une malédiction soit une chimère. Dés fois je me demande même si vous êtes toujours dans ce pays, si vous recevez les bons rapports, les bons comptes rendus, si vous sentez vraiment cette souffrance que vit la population. Vous-même Madame la Première dame vous dites vouloir « servir le Sénégal »  alors que vous tombez dés fois dans un énorme gâchis. C’est le cas de votre « Nuit de l’émergence » que vous avez organisé à Saint-Louis où, vous avez distribué des millions et des millions à des « leaders politiques » venant des localités environnantes. Comme votre époux, vous n’incarnez pas la rupture, vous êtes toujours dans le système qui  asphyxie notre pays depuis notre indépendance. Je vois que le pouvoir est assez grisant.

Notre justice est fragilisée aujourd’hui. Personne n’aurait cru que nos magistrats auraient perdu leur légitimité à ce point allant même jusqu’à être traités de tous les noms d’oiseau, chose impensable dans le passé. Ce constat est même fait par le Président de l’Union des Magistrats du Sénégal, Souleymane Téliko qui, lors de leur Assemblée générale ordinaire du samedi 4 août 2018 a reconnu que : « ces attaques traduisent une inquiétante et progressive rupture de confiance entre nos concitoyens et la justice. Un devoir d’introspection nous incombe à tous ». Et c’est toujours M. Téliko qui a fustigé le manque de transparence et d’équité dans le traitement de certains dossiers. « il nous faut reconnaitre que les activités et déclarations politiques que certains de nos collègues en violations flagrantes de notre statut, la sélectivité dans le traitement des dossiers, le rythme particulier auxquelles sont soumises certaines affaires, les postures et positions de certains d'entre nous contribuent à conforter dans l'esprit de nos concitoyens le sentiment d'une justice à deux vitesse et aux ordres. » déclare-t-il. Dans un pays où le pouvoir exécutif ne cesse d’inhiber le pouvoir judiciaire et de contrôler le législatif, il est impensable d’y vivre une minute de démocratie. La sélectivité de notre justice fait que les proches de votre époux ne sont jamais inquiétés même s’ils sont en flagrant délit. C’est le cas du directeur du COUD qui a été épinglé par des dizaines de rapports de l’IGE et pourtant, il n’a jamais reçu une lettre du procureur général qui d’ailleurs semble orienter son auto-saisine que d’un seul côté. Il est temps de faire une introspection et de reconnaitre que nos institutions majeures sont agenouillées depuis l’arrivée de votre mari à la tête du pays.

Je ne pourrai terminer cette lettre sans vous rappeler que tout pouvoir est appelé à avoir une fin, seul le pouvoir divin est perpétuel. Un jour, vous rendrez compte de tout ce que vous avez fait dans votre « règne », que ça soit sur terre ou dans l’au-delà. Faites en sorte que les générations à venir ne regrettent pas votre régime en lisant l’histoire de leur pays. Permettez-moi de vous rappeler une citation d’Alfred Auguste Pilavoine pour fermer cette lettre. «  Si l'homme connaissait bien la haute nature du pouvoir, l'immense responsabilité qu'il impose et le triste penchant qui le porte à en abuser, il serait beaucoup plus effrayé d'être appelé à l'exercer qu'avide de l'obtenir ».

Prenez le temps de réfléchir sur tout ça avant d’aller parler à votre mari. Ayez une lecture objective sans laisser votre esprit me qualifier de « politique ». Je ne suis qu’un jeune qui se soucie du devenir de son pays et qui n’a que sa plume pour se faire entendre. Et comme disait l’autre : « la politique devient grande lorsqu’elle écoute les petits ». Ecoutez-moi donc.

Veuillez recevoir, Mme la Première dame, mes salutations distinguées.


vendredi 18 mai 2018

Bilan d’un système « Mackyavélique », « sall » et truffé de « faye »




 Le Sénégal a connu une nouvelle alternance le 25 mars 2012, marquant ainsi l’arrivée de Macky Sall à la tête du pays. Un choix qui n’était pas d’ailleurs fortuit. En effet, voulant coute au coute chasser du pouvoir Abdoulaye Wade, les sénégalais se sont rués vers celui qu’une malédiction semble avoir conduit au second tour. Ainsi, M. Sall arriva au pouvoir, non pas sur la base d’un bon programme ou d’une compétence quelconque mais tout simplement parce qu’il était le seul pneu de secours disponible. Après six années de gouvernance, le constat est unanime, ce « rescapé politique » semble avoir du mal à mener ce pays à bon port. Caractérisé par son manque d’ambition notoire, sa vision limitée et sa gouvernance dictatoriale, « korr Mariéme » semble être la pire des choses qui soient arrivées au Sénégal. C’est du factuel…


Un prometteur de mauvaise foi

Si notre Macky national a une qualité avérée, c’est sa facilité à faire des promesses qu’il ne tient jamais. « Je ferai un mandat de cinq ans » dixit le Lion dormant. Une première promesse qui lui avait permis de gagner la confiance des uns et des autres compte tenu de l’importance d’une telle décision. Hélas, grisé par le pouvoir, M. Sall revient sur sa décision. Ainsi par des tripatouillages constitutionnels orchestrés par ses sherpas qui ne se soucient que de sa bonne assise, il finit par convaincre l’opinion de son obligation de faire un mandat de sept ans suite à un avis du conseil constitutionnel qu’il a détourné en une décision irrévocable. Il n’était pas dans l’espèce d’une question de constitutionnalité, mais plutôt d’une question de moralité et d’éthique.

« Je formerai un gouvernement de 25 ministres pour diminuer les dépenses de l’Etat » promettait le candidat Macky. Aujourd’hui on se retrouve avec un Gouvernement aussi pléthorique avec 83 ministres dont 40 ministres avec portefeuilles, 3 ministres d'Etat et 39 ministres conseillers en plus du Premier ministre. Les postes ministériels sont ainsi devenus des amuses gueules destinés à calmer les crises boulimiques des affamés de la coalition présidentielle.

Le candidat Sall dénonçait le budget présidentiel de son prédécesseur qui était estimé à 1.100.000.000 FCFA. Il avait promis de réduire ce budget « inconcevable pour un pays comme le Sénégal ». Aujourd’hui, le président Sall a mis dans ses poches une somme de 9.162.719.080 FCFA pour ses dépenses personnelles.

Ces exemples précités ne sont que quelques promesses piochées d’une liste qui est loin d’être exhaustive. Mais personne ne pourrait oublier tous les milliards promis aux différentes régions du Sénégal lors des conseils des ministres décentralisés

En bas la justice, en haut la « sallocratie »

Le Sénégal qui était à la 46é place dans l’indice de l’Etat de droit en 2016, s’est retrouvé à la 49é position en 2018 selon le rapport de World Justice Project. Cette chute ne doit guère surprendre les sénégalais qui ont été tous témoins des cas d’injustice perpétrés par le régime en place.  Le bilan de la justice sous Macky tourne autour de réformes, d’emprisonnements et de sauvetages de personnes (transhumants et alliés) qui sont indéniablement épinglées par des rapports qui se sont retrouvés dans les tiroirs du président.

« Je vais réduire l’opposition à sa plus simple expression » menaçait Sall. Cette fois ci, il a tenu sa promesse. Le premier acte posé est le come-back de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) qui a été instrumentalisée pour des règlements de comptes politiques. En effet, en 2012, l’ex procureur spécial Alioune Ndao avait annoncé l’ouverture d’une instruction contre Karim Wade, Oumar Sarr, Abdoulaye Baldé et cie. Parmi 25 personnalités ciblées dans le cadre de la traque des biens mal acquis, hormis l’ex directeur du cadastre (Tahibou Ndiaye), le fils de l’ex-président a été le seul à être jugé le 25 mars 2015 et condamné par la CREI à 6ans de prison et à payer 138 milliards de FCFA d’amende. Et par coup de magie, Karim n’a pas purgé sa peine. Il a été gracié et extradé en catimini vers Dubaï nuitamment sans aucune explication claire. Objectif atteint, la CREI retourne dans les cimetières des juridictions.

Karim Wade rayé de la liste de ses potentiels rivaux, l’homme du PSE s’en prend au Maire de Dakar, Khalifa Sall jugé comme étant une étoile montante et un potentiel danger pour les échéances électorales de 2019. Plusieurs incohérences ont été notées pendant cette procédure suscitant ainsi moult interrogations. Pourquoi le maire de Dakar a été le seul à être poursuivi alors que le rapport de l’IGE avait épinglé plusieurs autres maires ? Si l’immunité parlementaire suppose l’interdiction de toute condamnation de la personne qui en bénéficie, pourquoi le maire de Dakar est resté en prison après avoir été élu député ? Comment peut-on lever l’immunité de quelqu’un qui est déjà en prison ? Un ensemble de paradoxes qui montre le caractère politique d’un tel procès.

L’article 80 du Code pénal est certainement l’article préféré du Président de la République. Pour un rien, la justice se saisit pour user de cette norme jugée archaïque dans le seul but de calmer le lion qui semble se fâcher du tic au tac.  
Pendant que les uns sont poursuivis, les autres sont lavés de tout soupçon de malversations à la faveur d’une transhumance vers le parti présidentiel. Qui peut oublier le cas de la dame aux cuillères à 35.000 FCFA qui dirige aujourd’hui la Commission de la protection des Données Personnelles (CDP) ? La politique est claire, soit tu me rejoins, soit tu as un ticket pour reubeuss peu importe ton passé.

La famille et le parti avant la Patrie

Parler de l’existence d’une dynastie Faye-Sall est une lapalissade. Le fait est inédit, une immixtion inexplicable de la famille du président et de sa belle-famille dans la gestion du pays. Les cousins, les beaux frères, les oncles, les voisins proches, les frères tous sont aujourd’hui au contrôle au détriment d’une compétence quelconque.

Le plus spectaculaire est la mainmise de la first-lady dans les affaires de l’Etat. « Je remercie la première dame sans qui je ne serai pas ministre », ces aveux du ministre de la culture Mbagnick Ndiaye confirment que l’épouse du chef de l’Etat est bel et bien impliquée dans le choix des hommes au sein du gouvernement. Après son limogeage, l’ex secrétaire d’Etat Yakham Mbaye alléguait que « des personnes sont allées me mettre en mal avec la première dame », ce qui lui a valu sa sortie du sérail du palais de la République. Le fait le plus récent est la réunion organisée par la première dame avec les syndicats. Suite à ce déjeuner initié par Mme Sall, les syndicats ont lâché prise. Ce scandale institutionnel n’est qu’une preuve de l’incompétence de Monsieur Sall à assurer ses devoirs régaliens et par conséquent, il ne pouvait que laisser sa place à Madame Sall qui, par le biais d’un super déjeuner est arrivée à convaincre les syndicats.

Plus scandaleux, la nomination de son frère Aliou Sall à la tête de la caisse des dépôts et consignations est un « wax waxett » ignoble d’autant plus qu’il jurait qu’il ne va jamais sortir un décret au profit de son frère qui désormais gère une fortune inestimable.

Matez-les, je suis le chef suprême des armées

Les bavures policières notées sous ce régime sont énormes. C’est sous ce régime qu’on voit des policiers qui osent rouler à contre sens et heurter mortellement des jeunes sans être inquiétés, c’est sous ce régime qu’on voit des policiers qui massacrent des manifestants qui réclament leurs droits, c’est sous ce régime que les hommes de tenue considèrent les étudiants comme des mouches à abattre. Quand un homme de tenue ose tirer à bout portant sur un groupe d’étudiants qui réclament leurs bourses, c’est que ce pays est certainement dirigé par un despote qui ne se soucie que de son pouvoir. Qui a tué Bassirou Faye ? Qui a tué Abdoulaye Timéra ? Qui a tué Fallou Séne ? Peut-être que vous n’allez jamais nous donner des réponses dans ce bas monde, mais que vous y croyez ou pas, vous allez rendre compte devant le plus Juste. Comme nous le conseille le proverbe grec, « ne donnez point l’épée au fou, ni le pouvoir à l’injuste ».

Aujourd’hui vous pouvez mater les étudiants qui réclament leurs bourses parce que vous êtes devenu accidentellement un chef d’Etat. Si on faisait de même avec vous lorsque vous n’étiez qu’un étudiant issu d’une famille plus démunie que démuni (c’est un secret de polichinelle), peut-être qu’actuellement vous aurez 8 milliards de problèmes que l’argument selon lequel Me Wade vous a offert telle ou telle chose ne saura résoudre. Suivez mon regard…

Bref…

Le Sénégal est dans un piteux état. Il est temps de s’alarmer pour ces nombreuses démissions et révoltes des caciques de l’administration qui tous dénoncent une mauvaise gouvernance des autorités. Je me veux pour exemple les cas d’Ousmane Sonko, du magistrat Ibrahima Dème et du capitaine Mamadou Dièye.

Malheureusement, on est dans un pays où le pouvoir par le biais de la crétinisation, parvient à faire gober ses actes et à endormir l’opinion publique. Ce régime semble de jour en jour jouer avec les chiffres afin de leurrer l’opinion publique insensible à la situation du pays. Paradoxalement, pendant qu’ils magnifient la hausse du taux de croissance, le Secrétaire exécutif du conseil national de la sécurité alimentaire (CNSA) alerte sur la hausse du nombre de ménages en situation alimentaire « difficile ». Il estime ce nombre à environ 30 000 ménages.


Il est écœurant M. le président de voir à quel point vous œuvrez pour les intérêts de la France. On avait auparavant espoir, espérant que nous allons couper le maudit cordon ombilical qui nous lie à ce colonisateur. Hélas, depuis votre arrivée au pouvoir, vous ne faites que nous enfoncer dans ce néocolonialisme qui ne cesse de piller nos ressources. Ceux qui vous collent le surnom de "préfet français au Sénégal" n’ont pas tort   

Il est impossible de citer tous les maux de ce système à travers mes mots…

Rendez-vous le 24 février 2019, et n’oubliez jamais les mots de Georges Orwell : « Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime, il est complice. »

Que le Tout-Puissant veille sur notre cher Sénégal…