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Une femme voilée |
Depuis quelques jours « un bout de
tissu » occupe toutes les discussions, le voile. Tout est parti de l’interdiction
du port du voile annoncée par l’Institution Sainte Jeanne d’Arc (ISJA) à
travers un communiqué envoyé mercredi passé aux parents d’élèves. Une décision
qui a suscité diverses réactions dont la majorité la juge inconstitutionnelle
et illégitime. Le même jour (mercredi 1er mai 2019), après la
proclamation des résultats de la 7ème édition du concours Reine des
Grandes Ecoles, une des candidates (Ndéye Marie Aida Ndiéguéne) a dénoncé une
discrimination qu’elle aurait subie à cause de son voile. Ces deux cas ont
apparemment levé le voile sur la perception que certains ont de ce « bout
de tissu ». Est-ce de la méconnaissance ? Est-ce un rejet de mauvaise
foi ? On saurait y répondre. Nous allons, de fil en aiguille, découvrir l’essence
du voile et comment il est perçu par les religions révélées et par les sociétés
contemporaines.
Le
voile islamique : « réflexions sur un rejet »
Déjà en 2018, un sondage mené par le
magazine Marianne le Mag révèle qu’une écrasante majorité des Français ont rejeté
le port du voile. Au total, 79% considèrent le voile islamique comme étant « contraire aux valeurs civiques françaises ».
D’ailleurs, Emmanuel Macron est du même avis. Interrogé sur le port du voile,
il a déclaré lors d’une interview télévisée que c’est « l’opposé des valeurs civiques françaises ».
Venant des Français, une telle attitude pourrait être compréhensible compte
tenu de leur culture et de leurs réalités socioreligieuses. Ça n’a rien d’extraordinaire
alors. Toutefois percevoir la même réaction au Sénégal est juste étrange.
La pudeur a toujours été au centre de toutes les religions dont l’islam est leur parachèvement. Dans la bible, deux livres reviennent essentiellement sur le port du voile. La Genèse et le Cantique des Cantiques mentionnent le voile des femmes. Ainsi, voyant Isaac, Rébecca se couvre la tête de son voile et le fiancé du Cantique des Cantiques affirme : « Tes yeux sont des colombes à travers ton voile » (Ct 4, 1). Et dans la Genèse, la même scène y est relatée, «Elle dit au serviteur : « Qui est cet homme qui vient dans les champs à notre rencontre ? » Le serviteur répondit : « C’est mon maître. » Et elle (Rébecca) prit son voile et se couvrit. La tradition rabbinique a cependant établi un code de «modestie» qui impose aux femmes mariées le port d’un couvre-chef en dehors du foyer conjugal. Aujourd’hui, certaines se contentent de se couvrir à la synagogue. D’autres mettent un foulard (tichel) lors qu'elles sont en compagnie. La majorité des femmes juives orthodoxes portent une perruque (sheitel). Dans les communautés libérales, par contre, elles choisissent parfois de s’abstenir de tout couvre-chef.
Dans la Palestine du temps de Jésus, les femmes mariées portaient le voile. Dans la première lettre aux Corinthiens, Saint Paul fait de cette coutume un signe de respect religieux : « Si une femme ne se voile pas la tête, qu’elle se coupe aussi les cheveux. Or, s’il est honteux à une femme d’avoir les cheveux coupés ou la tête rasée, qu’elle se voile. » (1 Corinthiens 11). Tertullien, évêque de Carthage au IIIe siècle, est allé plus loin : « Une jeune fille sans voile n’est plus vierge », écrit-il. Pour les protéger, l’Église primitive a demandé aux femmes vierges, ancêtres des religieuses, de porter le voile, signe à l’époque romaine de la femme mariée. Le christianisme a prolongé cette tradition avec la prise de voile des religieuses. Le voile est alors un symbole d’union à Dieu dans la chasteté.
Le mauvais procès fait au voile
Une enquête menée par Express et l’Institut Montaigne auprès des Français musulmans montre que 76% des musulmanes voilées disaient porter le voile « par obligation religieuse » et juste 6% disent être contraintes. Ainsi, il y a une généralisation de certains cas de femmes forcées à le porter et qu’on a présenté comme des exceptions celles qui l’ont choisi, alors que c’est l’inverse : la plupart des femmes le porte de leur plein gré. Le voile n’est ni innocent, ni mode anodine, ni cache pour les cheveux, il porte en bannière l’identité d’une religion qui ne demande qu’à être respectée.
Le #voile est un instrument de l'islam politique, au même titre que le halal, les prières de rue, le burkini...— France (@VoxPopuliBis) 28 février 2018
Cet islam politique est avant tout un recul du droit des femmes. Le voile n'est qu'un outil d'oppression et de musellement.#NonAuVoile
Dans un pays où 94% de la population
auraient l’islam comme religion, le port du voile ne devrait pas être un hic.
Hélas tel n’est pas le cas. Une enquête menée par le site AllAfrica.com montre
que : « les femmes sénégalaises voilées ont du mal à trouver du
travail dans les institutions bancaires ». Le constat est que la société
sénégalaise semble plus accepter le port du voile en tant qu’effet de mode que
celui suscité par une envie de se conformer à la loi islamique. Le voile n’est
pas vu comme une obligation religieuse mais plutôt comme relevant du domaine esthétique.
Penda Mbow, dans son article intitulé l’islam et la femme sénégalaise,
développe la même idée et insiste sur le fait qu’islamisation ne signifie pas
arabisation. De prime abord, on pourrait donner du crédit à sa réflexion, d’autant
plus que dans un passé récent, le voile n’était pas aussi répandu qu’aujourd’hui,
c’était juste l’affaire des femmes âgées. Mais la réalité est autre. Le voile n’est
en aucun cas de l’apanage de la culture
arabe. Elle a toujours été une prescription dans les religions qui ont précédé
l’islam.
Que
disent les textes fondateurs des religions ?
La pudeur a toujours été au centre de toutes les religions dont l’islam est leur parachèvement. Dans la bible, deux livres reviennent essentiellement sur le port du voile. La Genèse et le Cantique des Cantiques mentionnent le voile des femmes. Ainsi, voyant Isaac, Rébecca se couvre la tête de son voile et le fiancé du Cantique des Cantiques affirme : « Tes yeux sont des colombes à travers ton voile » (Ct 4, 1). Et dans la Genèse, la même scène y est relatée, «Elle dit au serviteur : « Qui est cet homme qui vient dans les champs à notre rencontre ? » Le serviteur répondit : « C’est mon maître. » Et elle (Rébecca) prit son voile et se couvrit. La tradition rabbinique a cependant établi un code de «modestie» qui impose aux femmes mariées le port d’un couvre-chef en dehors du foyer conjugal. Aujourd’hui, certaines se contentent de se couvrir à la synagogue. D’autres mettent un foulard (tichel) lors qu'elles sont en compagnie. La majorité des femmes juives orthodoxes portent une perruque (sheitel). Dans les communautés libérales, par contre, elles choisissent parfois de s’abstenir de tout couvre-chef.
Dans la Palestine du temps de Jésus, les femmes mariées portaient le voile. Dans la première lettre aux Corinthiens, Saint Paul fait de cette coutume un signe de respect religieux : « Si une femme ne se voile pas la tête, qu’elle se coupe aussi les cheveux. Or, s’il est honteux à une femme d’avoir les cheveux coupés ou la tête rasée, qu’elle se voile. » (1 Corinthiens 11). Tertullien, évêque de Carthage au IIIe siècle, est allé plus loin : « Une jeune fille sans voile n’est plus vierge », écrit-il. Pour les protéger, l’Église primitive a demandé aux femmes vierges, ancêtres des religieuses, de porter le voile, signe à l’époque romaine de la femme mariée. Le christianisme a prolongé cette tradition avec la prise de voile des religieuses. Le voile est alors un symbole d’union à Dieu dans la chasteté.
Dans le Coran, plusieurs versets, difficiles à traduire et à
interpréter, prescrivent aux femmes de porter le voile par pudeur, pour se
distinguer des autres femmes et se protéger des regards indélicats. « Ô Prophète, dis à tes
épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de se couvrir de leurs voiles
: c’est pour elles le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas être
offensées… » (Sourate 33, v. 59). Le terme employé – jilbâb, au pluriel jilâbîb – désigne
l’ample tunique que les femmes arabes portaient alors de façon non
systématique. Un autre verset prescrit : « Dis aux croyantes de baisser leurs regards, d’être chastes, de ne
montrer que l’extérieur de leurs atours, de rabattre leurs voiles sur leurs
poitrines !» (24, 31). Il est précédé d’un verset qui exhorte les
hommes à la chasteté.
Le mauvais procès fait au voile
Le rejet du port du voile peut s’expliquer
parfois par les nombreux clichés qu’en font certains avec des arguments bidons.
Soit on évoque la laïcité qui d’ailleurs ne signifie pas une négation des
pratiques cultuelles des uns ou des autres mais plutôt une assurance que l’Etat
ne privilégiera aucune religion par rapport à une autre et qu’il garantira la
liberté de culte. Soit on évoque une certaine soumission des femmes voilées qui
se voient obliger de mettre le voile. Une idée impertinente.
Une enquête menée par Express et l’Institut Montaigne auprès des Français musulmans montre que 76% des musulmanes voilées disaient porter le voile « par obligation religieuse » et juste 6% disent être contraintes. Ainsi, il y a une généralisation de certains cas de femmes forcées à le porter et qu’on a présenté comme des exceptions celles qui l’ont choisi, alors que c’est l’inverse : la plupart des femmes le porte de leur plein gré. Le voile n’est ni innocent, ni mode anodine, ni cache pour les cheveux, il porte en bannière l’identité d’une religion qui ne demande qu’à être respectée.
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