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Docteur Mbaye PAYE Crédit photo: Leral.net |
La mort subite est devenue un phénomène
très répandu. Définie comme un
décès naturel survenant de façon
inattendue, elle est parfois le premier symptôme d’une maladie sous-jacente.
Dans cet entretien, le docteur Mbaye Paye, cardiologue et médecin du sport,
revient en grande partie sur les principales causes et les mesures à prendre
pour éviter cet arrêt cardiaque brutal.
On constate, ces derniers temps, qu’il y
a de plus en plus de cas de mort subite. Qu’est-ce qui est à l’origine de ce
fait ?
Il
faut d’abord savoir que la mort subite peut survenir au repos ou au cours d’une
activité physique. Parfois, elle est précédée de symptômes, moins d’une heure
avant l’arrêt du cœur. En général c’est des palpitations, un essoufflement, une
douleur thoracique, des vertiges voire une syncope ou une lipothymie. C’est dû
à un trouble du rythme ventriculaire rapide et inefficace, qui entraine une
baisse du rythme cardiaque. Dés fois, le sujet est un sportif en bonne santé et
qui, lors de son activité, révèle une pathologie qui était inconnue.
Vous avez évoqué le cas des sportifs
professionnels qui sont très souvent victimes. Pourquoi sont-ils si
exposés ?
Quand
on fait du sport, tous les organes sont sollicités, le cœur en priorité. Voilà
pourquoi un sport pratiqué de manière intense peut avoir des effets secondaires
pouvant conduire à la mort subite. 90% des cas de mort subite chez les sportifs
sont liés à des anomalies cardiaques. On dit souvent qu’un sportif qui meurt
sur le terrain est un cardiaque qui s’ignorait. Quand le sportif a moins de 35
ans, la principale cause cardiovasculaire est parfois liée à une maladie génétique
appelée cardiomyopathie hypertrophique [augmentation globale du poids du
muscle cardiaque NDLR] ou à une dysplasie arythmogène du ventricule droit qui
est une substitution du tissu musculaire par un tissu fibreux qui entraîne des
épisodes d’arythmie. Quand la victime a plus de 35 ans, la mort subite est le
plus souvent liée à un infarctus du myocarde, c’est-à-dire un dysfonctionnement
dans la circulation du sang dans l’artère coronaire, bouchée parfois par une
plaque de graisse qui laisse sur les lieux un caillot de sang. Mais il ne faut
pas aussi oublier le dopage qui cause un réel problème.
Quelles sont les précautions à prendre
pour éviter une mort subite ?
Pour
les sédentaires, il y a la prévention secondaire et celle primaire. La
première, c’est quand l’accident est déjà installé. A ce sujet-là, on lui place
un défibrillateur automatique implantable qui est un appareil captant les
arythmies et stimulant le cœur. En plus de cela, il lui sera prescrit des
médicaments pour réguler le taux de cholestérol et éviter les caillots de sang.
La seconde, en l’occurrence la prévention primaire, est plus importante. Elle
intervient quand il n’y a pas encore d’accident. Il ne faut pas attendre
d’avoir des signes. A un certain âge, il faut commencer à contrôler sa tension
artérielle et son taux de sucre, contrôler son poids pour éviter
l’obésité ; et surtout éviter le tabac, l’alcool, la sédentarité et le
stress. Mais également, il faudra avoir une alimentation saine, éviter le sel
et manger cinq fruits et légumes par jour. Pour les sportifs, au-delà de ce que
je viens de dire, chacun doit passer une visite médicale complète avant de
pratiquer son sport. Après l’interrogatoire d’examen clinique, les sportifs
sont soumis à un électrocardiogramme de repos qui vous donne un tracé du rythme
cardiaque que le médecin va interpréter. Si l’examen ne révèle rien de
particulier, il vous délivre un certificat attestant de l’absence de
contre-indication à la pratique sportive. Ce qui doit se faire chaque année.
Est-ce qu’il n’y a pas des
professionnels qui passent entre les mailles du filet ?
Bien sûr qu’il y en a. Il y a des sportifs qui
ne font jamais de visite médicale. Ça on le sait tous. Et c’est de la
responsabilité des fédérations. On ne doit pas avoir une licence dans une
fédération respectable sans faire une visite médicale. Il existe dix règles,
appelées les règles d’or, que nous soumettons aux sportifs et qu’ils doivent
soigneusement respecter.
Quelles sont ces règles ?
Si
le sportif, au cours de son activité physique, a des palpitations, des douleurs
thoraciques, un essoufflement, des vertiges, un malaise, une syncope ou une
lipothymie il doit arrêter et aller voir un médecin. Il faut qu’il fasse une
visite médicale de manière régulière surtout chez l’homme de plus de 35 ans et
la femme de plus de 45. Il faut éviter de faire une activité physique sportive
quand il fait plus de 35°. Le sportif doit faire un échauffement avant de
pratiquer son sport et une récupération de 10 à 15 minutes pour préparer son
cœur. Un sportif qui a de la fièvre ou une grippe ne doit pas faire de sport
dans les huit jours qui suivent sa maladie. Il doit se reposer pendant 10 jours
au moins. Il faut qu’il soit habitué à boire de l’eau même s’il n’a pas soif,
trois à quatre gorgées toutes les 30 minutes lorsqu’il est sur le terrain. Un
sportif ne doit pas fumer. Et la dernière règle c’est d’éviter l’automédication
et les substances dopantes.
Quels doivent être les premiers réflexes face à une victime de malaise cardiaque ?
La
survie de la victime dépend du temps de prise en charge. Dès qu’on voit une
personne qui tombe avec une absence de conscience, de mouvements respiratoires
et de pouls carotidiens, il faut appeler les secours et, en attendant commencer
un massage cardiaque par série de 30 en faisant successivement deux bouches à
bouches. Il faut également utiliser un défibrillateur pour faire un choc
électrique. Ça doit être bien organisé.
Mais est-ce que ces défibrillateurs sont
à la portée de tous ?
C’est
vrai qu’il y a un déficit. Mais ils doivent être partout, dans les rues, dans
les hôtels, les aéroports, dans tous les lieux publics. Et il faudrait former
les populations à l’utilisation du défibrillateur. Parce que, plus l’arrêt
cardiaque dure, moins on a de chance de survie.
merci doc
RépondreSupprimertrès instructif bonne continuation👏
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