lundi 26 novembre 2018

Le journalisme face à de nouveaux défis


Pour le commun des mortels, un journaliste est une personne dont la profession est de rassembler des informations, de rédiger un article ou mettre en forme un reportage afin de présenter des faits qui contribuent à l’actualité et l’information publiques. Si on se limite à cette définition, le rôle principal du journaliste est de transmettre l’information. Toutefois, l’avancée de la technologie et l’essor du multimédia ont libéralisé l’accès et la diffusion de l’information de telle sorte que, tout le monde peut la collecter, la traiter à sa manière et la diffuser aisément. Ainsi, avec seulement un smartphone, un quidam peut accomplir ces tâches sans même prétendre exercer le métier de journaliste. Par conséquent, le journaliste n’a plus le monopole de l’information comme il pouvait le prétendre il y a quelques années de cela, il est fortement concurrencé dans sa profession.

Devenir journaliste fait rêver bon nombre de jeunes compte tenu de la place qu’ont les organes de presse dans le quotidien des personnes. Informer juste et vraie, est sa seule vocation, ce qui alimente son existence. Toutefois, l’information qui est la matière première du journaliste n’est plus de son apanage, tout le monde peut y accéder sans fournir beaucoup d’efforts. Ce constat est le fruit du développement du numérique qui semble aller plus vite que les mutations du journalisme qui, peine à suivre le rythme. Selon Business insiderGoogle explore plus de 20 milliards de sites web par jour et les sites d’informations y occupent une grande place. Juste au Sénégal, on répertorie plus de 120 sites de presse en ligne. Cette prolifération n’est pas sans effet sur le paysage médiatique classique renfermant la télévision, la radio et la presse écrite. Le nombre d’internautes dépassant de loin le nombre de téléspectateurs, d’auditeurs et de lecteurs, les gens préfèrent s’informer sur ces sites que de se rabattre sur les organes classiques précités. Par conséquent, la qualité de l’information n’est guère une exigence de l’informé. Il se fie ainsi à un informateur qui n’a qu’une seule préoccupation, celle de remplir son site quitte à donner des informations erronées ou non vérifiées. 

Avoir écho d’une information et la partager sur la toile en attendant de voir ce qui en est, est la seule tâche qu’accomplit la majorité des sites d’informations au Sénégal. C’est ce qui justifie d’ailleurs cette prolifération de « fake news » et cette forte désinformation constatées sur la toile. Face à cette situation, le journalisme cherche à s’adapter et à pallier ce phénomène. C’est ce qui justifie l’apparition du « fact-checking » qui est une nouvelle pratique journalistique qui consiste à vérifier les propos tenus par des responsables politiques ou d’autres personnalités publiques. Cette pratique doit de ce fait être intégrée dans le traitement quotidien des journalistes pour assurer la crédibilité des informations diffusées. Cette crédibilité accordée à ses informations est le premier pas de professionnalisme que le journaliste doit franchir. 

Suivez la réaction de M. Mamadou Ndiaye sur le sujet. Il est professeur de journalisme-multimédia au CESTI 

Au Sénégal, le statut du journaliste a été à nouveau redéfini par le nouveau code de presse adopté par les députés le 20 juin 2018. Une fois promulguée, la loi exigera à toute personne voulant exercer le métier de suivre d’abord une formation dans l’une des écoles de journalisme reconnues par l’Etat. Toutefois, il est aussi possible d’être journaliste en ayant d’abord un diplôme universitaire et avoir un minimum de deux ans de stage dans une rédaction. Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, le Président de la Coordination des associations de presse (CAP) considère cette réforme comme une avancée « car trop de gens se présentaient comme des journalistes alors qu’ils ne l’étaient pas ». Mamadou Ibra Kane y voit un moyen d’assainir et de professionnaliser le secteur.

Aujourd’hui, le journalisme doit s’adapter à toutes les mutations technologiques et numériques pour éviter d’être laissé en rade. Dans le contexte actuel, les réseaux sociaux ont modifié le monde des médias en permettant au métier de journaliste de prendre son envol. Toutefois, il peut aussi être largué si les journalistes ne se donnent pas les moyens de suivre le rythme et d’adapter leur travail au contexte actuel.

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