Pour le commun des
mortels, un journaliste est une personne dont la profession est de rassembler
des informations, de rédiger un article ou mettre en forme un reportage afin de
présenter des faits qui contribuent à l’actualité et l’information publiques.
Si on se limite à cette définition, le rôle principal du journaliste est de
transmettre l’information. Toutefois, l’avancée de la technologie et l’essor du
multimédia ont libéralisé l’accès et la diffusion de l’information de telle
sorte que, tout le monde peut la collecter, la traiter à sa manière et la
diffuser aisément. Ainsi, avec seulement un smartphone, un quidam peut
accomplir ces tâches sans même prétendre exercer le métier de journaliste. Par
conséquent, le journaliste n’a plus le monopole de l’information comme il
pouvait le prétendre il y a quelques années de cela, il est fortement
concurrencé dans sa profession.
Devenir journaliste fait rêver bon nombre de jeunes
compte tenu de la place qu’ont les organes de presse dans le quotidien des
personnes. Informer juste et vraie, est sa seule vocation, ce qui alimente son
existence. Toutefois, l’information qui est la matière première du journaliste
n’est plus de son apanage, tout le monde peut y accéder sans fournir beaucoup
d’efforts. Ce constat est le fruit du développement du numérique qui semble
aller plus vite que les mutations du journalisme qui, peine à suivre le rythme. Selon Business insider, Google explore plus de 20 milliards de sites web par
jour et les sites d’informations y occupent une grande place. Juste au Sénégal,
on répertorie plus de 120 sites de presse en ligne. Cette prolifération n’est
pas sans effet sur le paysage médiatique classique renfermant la télévision, la
radio et la presse écrite. Le nombre d’internautes dépassant de loin le nombre
de téléspectateurs, d’auditeurs et de lecteurs, les gens préfèrent s’informer
sur ces sites que de se rabattre sur les organes classiques précités. Par
conséquent, la qualité de l’information n’est guère une exigence de l’informé.
Il se fie ainsi à un informateur qui n’a qu’une seule préoccupation, celle de
remplir son site quitte à donner des informations erronées ou non vérifiées.
Avoir écho d’une information et la partager sur la toile en attendant de voir
ce qui en est, est la seule tâche qu’accomplit la majorité des sites
d’informations au Sénégal. C’est ce qui justifie d’ailleurs cette prolifération
de « fake news » et cette forte désinformation constatées sur la
toile. Face à cette situation, le journalisme cherche à s’adapter et à pallier
ce phénomène. C’est ce qui justifie l’apparition du « fact-checking »
qui est une nouvelle pratique journalistique qui consiste à vérifier les propos
tenus par des responsables politiques ou d’autres personnalités publiques.
Cette pratique doit de ce fait être intégrée dans le traitement quotidien des
journalistes pour assurer la crédibilité des informations diffusées. Cette
crédibilité accordée à ses informations est le premier pas de professionnalisme
que le journaliste doit franchir.
Suivez la réaction de M. Mamadou Ndiaye sur le sujet. Il est professeur de journalisme-multimédia au CESTI
Suivez la réaction de M. Mamadou Ndiaye sur le sujet. Il est professeur de journalisme-multimédia au CESTI
Au Sénégal, le statut du journaliste a été à nouveau
redéfini par le nouveau code de presse adopté par les députés le 20 juin 2018.
Une fois promulguée, la loi exigera à toute personne voulant exercer le métier
de suivre d’abord une formation dans l’une des écoles de journalisme reconnues
par l’Etat. Toutefois, il est aussi possible d’être journaliste en ayant
d’abord un diplôme universitaire et avoir un minimum de deux ans de stage dans
une rédaction. Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, le Président de la
Coordination des associations de presse (CAP) considère cette réforme comme une
avancée « car trop de gens se présentaient comme des journalistes alors
qu’ils ne l’étaient pas ». Mamadou Ibra Kane y voit un moyen d’assainir et
de professionnaliser le secteur.
Aujourd’hui, le journalisme doit s’adapter à toutes les
mutations technologiques et numériques pour éviter d’être laissé en rade. Dans
le contexte actuel, les réseaux sociaux ont modifié le monde des médias en
permettant au métier de journaliste de prendre son envol. Toutefois, il peut
aussi être largué si les journalistes ne se donnent pas les moyens de suivre le
rythme et d’adapter leur travail au contexte actuel.
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