jeudi 15 novembre 2018

Le Franc CFA étouffe les pays africains

De gauche à droite: Ndongo Samba Sylla (auteur du livre),
Thierno Diop (Professeur au CESTI)
Sahite Gaye (Professeur au CESTI, modérateur du jour)

Le Centre d’études des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI) a reçu ce mercredi 14 novembre l’économiste Ndongo Samba Sylla par ailleurs, chargé de programmes et de recherche au bureau Afrique de l’Ouest de la fondation Rosa-Luxemburg. L’occasion a été saisie par l’invité pour présenter son nouveau livre traitant du Franc CFA.


« L’arme invisible de la Françafrique : une histoire du Franc CFA » est le titre du livre de M. Sylla co-écrit avec la journaliste Fanny Pigeaud. Dans un contexte d’ignorance généralisée de l’importance de la monnaie, M. Sylla dit avoir comme objectif premier la démystification du Franc CFA pour attirer l’attention des Africains. Raison pour laquelle, il a rédigé ce livre sous « un jargon accessible à tous » et pouvant être facilement compris. Selon M. Sylla, Le Franc CFA a été et reste une monnaie coloniale. En effet, par le biais d’un petit rappel historique, il a démontré que le Franc CFA a été créé officiellement le 26 décembre 1945. Bien avant, il y a eu un long processus de destruction des monnaies autochtones compte tenu du pluralisme monétaire qu’avait le territoire africain. L’avènement du Franc en Afrique est ainsi faite dans la violence et la répression car les Africains d’antan résistaient et disaient niet face à un forcing des colons qui ont fini par parvenir à imposer sa monnaie. Ainsi, hormis l’Inde et l’Indochine, c’était le franc métropolitain qui circulait dans tout l’empire colonial français y compris en Afrique. En vrai pourfendeur de la monnaie française, M. Sylla n’a pas manqué à donner les raisons pour lesquelles le Franc CFA serait nocif aux pays africains. En effet, il considère que la stabilité monétaire que louent les défenseurs de la monnaie a été dès le départ une préoccupation coloniale permettant le capital métropolitain de s’investir et rapatrier ses profits et dividendes sans problème.
le livre de Ndongo Samba Sylla

La monnaie appauvrit les pays selon l’auteur du livre. Selon lui, les Investissements directs étrangers (IDE) du Ghana est beaucoup plus supérieur de ceux de tous les 8 pays de l’UEMOA. Par conséquent, les IDE sont mus par d’autres choses que la stabilité financière. Egalement, si on consulte le Revenu réel par habitant des pays de la zone franc, on constate des variations entre 1960 et maintenant mais sur le long terme les Sénégalais se sont appauvris. En termes concrets, le revenu actuel au Sénégal est le même que celui que le colon avait laissé en 1960. Pour l’auteur, à ce rythme, on peut rester des milliers d’années sans s’en sortir. L’autre argument est que la plupart des pays de la zone franc sont classés parmi les Pays les moins avancés (PMA).  

En concluant, il a rappelé que la monnaie est plus importante que la bonne gouvernance qu’on veut faire primer. Ainsi, les pays africains font face à deux choix : soit maintenir le statu quo et rester dans ce trou noir ou bien  prendre le risque d’avoir une monnaie fonctionnelle ou d’autres types d’intégration monétaire pouvant aux pays d’aspirer à un développement durable.                   

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